Culture, ou la puissance géologique du reggae roots

CULTURE Harder Than The Rest
Front Line, 1978
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Musique Journal -   Culture, ou la puissance géologique du reggae roots
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En 1978 quand le gros patron de Virgin, excité devant le gros succès amassé par Marley, envoya John Lydon à Kingston pour y signer sur gros contrat les gros noms du reggae, ce fut une grosse idée. Une idée massive. Il suffit de  farfouiller la liste que Lydon a établie pour un fan lui demandant quels étaient ses groupes et chanteurs reggae favoris pour se rendre compte de sa connaissance sensible et aigüe du vaste sujet. Puis, considérer PIL et se laisser dévaster. Don Letts faisait partie de l’équipée aussi, ce qui finit d’attester de l’honnêteté du voyage. On connaît son amour profond du riddim, dont il étreindra le premier les danses ahuries du punk londonien lorsqu’il était DJ au Roxy Club en 1977. Malgré qu’il ait, sans doute trop bienveillant, ouvert le portillon à la course insensée d’une poule sans tête : il n’y a pas plus débile que la reprise du lagunaire « Police and Thieves » de Junior Murvin par les Clash. Que la mer m’en préserve.

Ainsi, le label Front Line émergea. Front de mer. Front de pierre. De ce calcaire formant le sentier d’une côte qui allait finir par s’escarper pour ne laisser passer que ceux dont les pas ne craignent pas de s’unir avec légereté à la puissance géologique. N’est pas funambule qui veut. Front line ne dura que deux ans. Y furent publiées (ou rééditées à partir d’originaux jamaïcains) quelques merveilles parmi lesquelles cimes siègent, incandescents, le Love des Twinkle Brothers et le Soon Forward de Gregory Isaacs.

Deuxième LP des Culture, Harder Than The Rest est, lui, le fracas. Primordial. Et impétuosité de roche.

En 1976 les Culture se distinguaient déjà avec un premier album au magnétisme digne de l’eschatologique éclat de son titre « Two Sevens Clash »(chez Joe Gibbs). Toutefois, il aura fallu l’impérieux craquèlement  de la terre pour que s’ébranle la noblesse d’un des meilleurs disques de roots.

 La production de Sonia Pottinger est d’une si grande préciosité du détail qu’elle se déploie en sédiments qui sont les gemmes de ce monde. La basse est souterraine, elle prend sa source au cardiaque marin, fait bombance, et ressort corrosive au soleil comme un labyrinthe extatique aux téméraires de la danse que sont les vivants. Précieux iode qui devint un jour monnaie sur pourriture d’empires, on le sait. Il faut avoir entendu les pas des sacrifiés pour suivre ; ici c’est le « beat » qui se fait l’écho, entrechoc, de ces pas qui vont et viennent des éternités karstiques. Mouvement de balancier de l’Afrique à la Jamaïque. Les vulgaires disent qu’il n’y a qu’un pas. Il y en a plein. Et c’est une immensité. Il faut avoir entendu les hurlements des laboureurs de  sécheresse. Ancestrale, la pierre les a contenus. Ainsi sculptée, elle réapparaît dans la voix de Joseph Hill, érodée jusqu’à la multitude que foulent les déserts. Des aurores tristement belles se lèvent sur cette aridité : ici des aplats de cuivres, là des crêtes d’orgue. Tout ceci laisse passer la lumière avec la bienveillance grave des montagnes qui s’avancent. « Holy Mount Zion », c’est sublime de se rappeler que des gens ont vu le soleil en face. Ce qui y a été devoilé est l’or inaliénable : « destroy translation ».

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