Rien de tel que la Grèce hors-saison

Grèce Chants et danses populaires
AIMP-MEG / VDE-Gallo, 1989
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Musique Journal -   Rien de tel que la Grèce hors-saison
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Aujourd’hui je vais me contenter d’évoquer brièvement cette collection de musiques grecques enregistrées entre les années 30 et 50 par Samuel Baud-Bovy, ethnomusicologue suisse également connu pour sa carrière de compositeur et d’homme politique, et pour avoir fondé à Genève, avec Constantin Brailoiu, les Archives Internationales de musique populaire, un fonds discographique majeur devenu depuis le label sur lequel est édité la présente anthologie.

Sur ces 29 plages captées à la fois en Crète, dans le Dodécanèse ou sur le continent, on entend des choses qui pourraient être de loin des versions alternatives par anticipation de « Venus In Furs », des classiques perdus de techno acoustique, des pièces acapella susceptibles d’égarer le néophyte entre les régions slaves et le Maghreb, des violons et des lyres (on dit lira) au son capiteux, et des textes tantôt emo, tantôt yolo, portant sur les enfants perdus en mer et ceux morts en couche, sur l’absurde brièveté de l’existence terrestre, et sur la nécessité de la passer comme on le désire plutôt que de la subir.

C’est un peu étrange de conseiller des titres en particulier mais je dois dire que le début de la partie consacrée à la Crète (les plages 7 à 13) m’a beaucoup plu. Les deux enregistrements (7 et 8) de mandinadhes, notamment, ces joutes verbales amicales et apparemment bien arrosées – si l’on sait lire entre les lignes du livret –, forment à eux seuls un grand moment de ce panorama des musiques grecques populaires, dont les origines remontent souvent au moyen âge. Sur ces posse cuts de villages montagnards, les femmes et les hommes prennent librement la parole pour placer une bonne rime, que l’assistance va reprendre en chœur si elle la « valide ». C’est le genre d’instant qui peut vraiment me réconcilier avec la musique live, on sent l’ambiance déconneuse et la convivialité la plus totale, rien qu’au phrasé bien rugueux des différents intervenants, amateurs éclairés et égayés.

On croise, ailleurs sur le disque, ici des chants funèbres et des influences turques, là des instruments parfois plus sophistiqués que d’autres – l’époque des enregistrements marque l’apparition des premiers luthiers professionnels dont les fabrications font dire à un Baud-Bovy un peu mélancolique : « le son a gagné en pureté ce qu’il a perdu en originalité et en mordant », ça c’est un ethnomusicologue qui s’engage pour le rugged and raw, d’ailleurs vous remarquerez que lorsqu’on retire le U et le V de « Baud-Bovy », bah ça donne BAD BOY, comme par hasard. La vingt-neuvième et dernière plage ouvre quant à elle les choses vers la musique tsigane, qui toujours selon Samuel, donne à la rugueuse tradition grecque des couleurs inattendues.

Je ne suis jamais allé en Grèce, mais je me permets donc d’y voyager pour le moment par l’intermédiaire de cette fabuleuse collection, dans laquelle on peut autant piocher quelques morceaux que s’immerger tout du long, même si elle couvre plusieurs époques et plusieurs régions différentes. En attendant je vous propose de nous retrouver dès que possible dans quelque échoppe grecque de la capitale pour nous adonner à une mandinadhes arrosée d’uzo et de Mythos (oui c’est à toi que je m’adresse, Yorgo Tloupas).

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