Quatre miracles house offerts par la divinité Derrick Carter

TECHNIQUE "When There Is Love (The Beat Is Down)"
Downtown 161, 1997
PRODUCTS OF DA NEIGHBORHOOD Living In Brooklyn (D's Different Dub)
Jus'Trax, 1996
LOLITA "Living In the Shadows (Red's Favorite Dub)"
Downtown 161, 1995
TONE THEORY VS ONEIRO The Warrior
Icon, 1995
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Musique Journal -   Quatre miracles house offerts par la divinité Derrick Carter
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Derrick L. Carter mériterait beaucoup plus qu’un simple post puisque au-delà de ses trente ans de carrière en tant que producteur et DJ, ce charismatique quinquagénaire a beaucoup de trucs cruciaux à dire sur le marché de la dance music, les idées préconçues qui peuvent régner chez les uns et les autres, et la revendication des identité noires et LGBTQ à travers la house et son histoire. Musicalement parlant, j’ai l’impression que le public retient surtout son travail avec le label londonien Classic à la fin des 90s et au début des 00s : aux côtés de Luke Solomon, Derrick a développé un son house à la fois très rebondissant et très chimique, à la fois dans ses productions et ses remixes. Un son toxique mais plutôt clair, propre, qui diffère pas mal de ses sorties plus tôtives – je n’ai pas de meilleure trad pour « early material » –, où Carter restait encore dans une esthétique très brute, disons très américaine de cette époque. Ce qu’il y a de déjà génial dans cette première période, c’est que Derrick avait déjà ce formidable sens du contraste, voire du conflit, et qu’il savait déjà mêler l’exigence uplifting et commerciale de la house généraliste aux mauvaises vibrations de la house d’after ou de la house « mentale », comme ça se disait alors un peu.

Sur le remix de « When There Is Love », il fabrique par exemple une énorme montée pleine de percussions déformées avant de faire arriver la voix – un falsetto proche de celui de Byron Stingily du groupe Ten City – au bout de cinq minutes. Ça pourrait être une syntaxe classique du garage, un build-up avec chaque élément qui arrive peu à peu, un gros break de piano ou de cordes, et hop, le chanteur envoie son couplet. Mais avec Derrick, ça fait longtemps que tout le monde est déjà super haut quand le vocal débarque : au-delà des congas métamorphes, il y une grosse snare de voyou et des FX dans tous les sens, on est vraiment dans le feu de l’action dès les premières secondes. Mais bon on est quand même bien jouasse quand une présence humaine fait son apparition. Putain mais quelle épopée ce track – j’ai rien de plus à dire.

Le remix pour Products of Da Neighborhood, sorti en Angleterre sur Jus Trax, sous-label de Junior Boy’s Own, nous montre une facette moins over-the-top du travail de Derrick, mais néanmoins plus vicieuse, plus « méfie-toi de l’eau qui dort » : avec son acolyte Chris Nazuka (co-auteur d’un paquet de titres avec lui, notamment sous l’alias Rednail Kidz), ils nous taillent un petit diamant qui avance masqué, promettant le drop sans jamais le donner, et qui finalement ressemble à une sorte de deep house jazzy un peu nauséeuse, comme vue de loin : ça ne va pas très vite, mais c’est intense quand même, et ça je ne connais pas grand-monde capable de réussir cette combinaison, à part éventuellement Carl Craig autour de la même époque.

Pour la chanteuse Lolita, Carter et Nazuka signent un edit qui résume bien leur style « eau de coco et GHB » : ça part comme du garage primesautier, limite UKG dans la frétillance des percussions, et puis très vite les FX prennent le pouvoir et cette jolie petite chanson prend un tunnel dont on ne sait trop si elle parviendra à sortir – la voix répète « search for the light / living in the shadow » et on ne peut pas trop la contredire. On reste maintenu dans une sorte d’obscurité figée, avec un groove irrésistible – c’est presque du garage autarcique, si j’ose dire.

Mon dernier choix est une sorte de classique, dans un registre un peu plus techno, qui s’inspire de « Strings of Life » et plus généralement du Detroit première vague, mais qui réussit tout de même à vivre sa propre vie. Peut-être que je cherche mal, mais j’ai l’impression que le titre circulait en club et dans des mixes vers 1995 mais qu’il n’est sorti officiellement qu’en 2003. En tout cas c’est une vraie splendeur de construction et d’interaction avec les danseurs, avec des breaks pas possibles, des allers et retours infernaux, qui montre à quel point Derrick Carter sait rappeler qu’il est un DJ de génie, capable d’infiltrer tel ou tel genre sans le moindre problème, comme un agent d’ambiance aux skills inimitables, pas vraiment assigné à une couleur musicale, mais en tout cas toujours là pour retourner les dancefloors à sa façon.

Si vous avez d’autres tracks incroyables du Derrick (de cette période ou de celle d’après) à recommander, n’hésitez pas à le faire ici ou ailleurs. Je ferai peut-être une suite à ce post, de toute façon. En attendant bonne journée à toustes, sous le signe du groove bipolaire !

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