La playlist du réveillon de Musique Journal (aka mes morceaux préférés de 2020)

LES TOP TRACKS 2020 DE MUSIQUE JOURNAL ! Semi Tee, Abi2spee, Lala &ce, Stemlines, Rallye, Moodymann, etc.
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Comme à chaque fin année, je m’aperçois que j’ai ignoré et manqué plein de choses, notamment dans le rap américain, et puis que je suis triste de ne pas écouter plus de beaux tubes de house toute fraîche, ou peut-être que la house est aujourd’hui justement plus fraîche quand elle est récupérée par d’autres styles, comme le montrent quelques choix listés ci-dessous. Et je me fais aussi remarquer que je dois sûrement aussi oublier des tracks qui ne vont me revenir que dans trois jours.

Là où je suis content, en revanche, c’est que je constate que j’ai écouté cette année une majorité de musique française alors qu’il y a encore dix voire cinq ans j’aurais été surpris de ne garder ne serait-ce qu’un titre francophone dans un bilan annuel. Bref, voici mes titres favoris de l’année, ou disons plutôt les titres de 2020 que j’ai écoutés en boucle en 2020, et sur lesquels j’aurais, comme tout le monde, bien aimé danser dans un environnement autre que chez moi avec ma femme (ou seul chez moi, un plaisir que j’assume mais dont je vais finir par me lasser). Certains de ces tracks ont déjà été évoqués ici, donc je ne m’étendrai pas forcément sur chacun d’entre eux mais bref, voici ma playlist du réveillon.

1. SEMI TEE – « Gabadiya » ft. Miano, Kammu Dee & Ora Dee

Je remercie à vie Renaud Brizard d’avoir passé ce track dans son podcast Faya sur l’amapiano sud-africain. Honnêtement, c’est un chef-d’œuvre, un morceau qui reste dans la tête et dans l’histoire, je n’exagère pas, c’est comme ça c’est tout ! C’est lent et intimidant, et chanté/rappé dans ce style sombre, mi-enfantin mi-flippant, qui détonne un peu avec la vibe en général plus sympathique et chaleureuse de l’amapiano. Le clip mi-gros budget mi-pas de budget est super bien, Semi Tee a l’air un peu taré mais au moins il croit en ce qu’il fait. Ce morceau me rend totalement dingue et s’il ne vous rend pas dingues aussi, alors tant pis, c’est triste, chacun ses goûts, mais vous loupez un truc unique.

2. BAMAO YENDÉ & LE DIOUCK – « Okocha »

18 000 vues, nan mais ho, c’est quoi ça, on est où putain ! Ah elle est belle la France. Ce morceau est un banger low profile, le genre de son qui tape direct mais sans trop se la ramener, avec la freakiness habituelle de la Fédération du Boukan mais aussi des inserts footbalistiques et un clip riche en très bonnes danses. Honnêtement je vois pas de morceau qui soit à la fois aussi évident et aussi spécial, on dirait le fantôme de DJ Arafat qui aurait visité le corps d’Isolee sans son sommeil.

3. PASHANIM – « Airwaves »

Je suis fier de la musique française actuelle mais ça n’empêche que malgré tout, ce tout jeune rappeur berlinois hyper relax sur un son house filtrée me fait dire que parfois, je souhaite la victoire de l’Allemagne. Et ce clip, quelle ambiance !

4. LALA &CE – « Butterfly Boogie »

Lala &ce est la plus grande artiste de France, ça on le sait, et elle va peut-être devenir une star à sa façon en 2021. Elle est tellement forte que sur ce morceau elle n’a même pas vraiment besoin de chanter, elle se contente de murmurer, on dirait qu’elle parle en dormant. Et d’ailleurs je me dis qu’elle pourrait limite utiliser cette appli qui enregistre les gens quand ils marmonnent dans leur sommeil, et sortir un album avec le résultat, personnellement je l’achèterai. Mention spéciale aux citations de DJ Arafat au début et à la fin, et mention spéciale aussi à son dernier morceau, plus club, et super chaud aussi.

5. ABI2SPEE – « De Gaule »

Pour moi Abi2spee est le rappeur le plus charismatique et le plus vrai du rap game actuel, mais hélas peu de gens ont l’air de mon avis vu le nombre de vues qu’il fait. Il est arrogant mais déprimé, authentique mais poivrasse, et la seule chose qu’il l’air de vraiment aimer c’est ce putain de rap, ça se sent tout de suite. On voit bien que c’est un réel besoin pour lui, il est dans sa « happy place » quand il est devant un micro et son aisance est communicative – ce que je trouve finalement assez peu courant aujourd’hui, les rappeurs sonnant souvent en stress quand ils enregistrent : ils peuvent être super forts mais ils rarement ont pas l’air de surkiffer rapper (je sais que ces propos vont faire débat, ou plutôt qu’ils feraient débat si je les lançais sur Twitter). Là, en lien Deezer, j’ai choisi « De Gaule » avec ses synthés mélancoliques et son refrain incroyable, qui ont bercé mon été à Paris, mais comme il est pas sur YouTube j’ai aussi mis « Oedipe » ci-desous, morceau qui aborde concrètement le fait de coucher avec la mère d’un concurrent.

6. MOODYMANN – « Slow Down »

Tout l’album est fantastique mais il se passe un truc vraiment génial avec ce morceau qui semble recommencer en permanence sans jamais être agaçant. Ça fait du bien de voir que Moodymann réussit à faire des choses aussi dynamiques et inédites après trente ans de carrière.

7. RALLYE – « Flower Girl »

J’ai découvert la semaine dernière ce jeune groupe via Krampf, qui travaille avec eux, et il m’a fallu un petit peu de temps pour intégrer leur concept de revival du morceau « Angelina » de Psy mais assez vite j’ai adoré. J’apprécie bien le clip qui, lui, fait plus « Madchester »/baggy, mais j’aurais bien aimé qu’ils poussent le délire jusqu’au bout et qu’ils fassent jouer Maiwenn dedans, à l’instar de leur modèle. Alors après bon, je ne sais pas si tout le monde est prêt pour ce retour de la pop française Europe 2, et si ça continue comme ça peut-être que Pascal Obispo va refaire un album dans le style de « Plus que tout au monde », mais en tout cas c’est une très bonne chanson, tout comme celle qu’ils ont sortie il y a deux mois et qui s’appelle « Théorème » .

8. STEMLINES – « Hide From Me »

J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de Stemlines et je vous invite à réécouter son « tube », ici dans une version avec voix ralentie et non accélérée. Très beaux pas de danse dans le clip, encore une fois.

9. AYA NAKAMURA – « Tchop »

Salut les médias, salut Nikos ! Alors, par rapport à Aya Nakamura, voilà ce qu’on vous propose : prenez sur vous deux secondes, arrêtez de fantasmer sur ses soi disant caprices de diva et ses lacunes vocales, écoutez sa musique et puis nous cassez pas les couilles. Ce genre de banger, elle seule sait les faire, et puis faites un tour sur son album, vous verrez, il y a même des morceaux limite world comme sur FIP qui vous feront pas peur et qui vous rassureront dans vos certitudes universalistes !

10. BOUNTY KILLER & BEENIE MAN – « Astronomia Riddim »

Là ce n’est pas vraiment une chanson, mais un extrait du Verzuz entre les deux légendes du dancehall et c’est un moment qui se regarde autant qu’il s’écoute. L’instru, déjà, est un morceau d’électro pouet pouet obscur d’il y a quelques années devenu un tube grâce à TikTok. Mais surtout, le clash se joue autant dans les performances vocales que dans les langages corporels des deux protagonistes. Beenie Man avec son attitude légèrement cachetonneuse, son petit bide sympa et sa pose de chef de chantier pas loin de la retraite (on dirait vraiment qu’on en train de lui montrer un dégât des eaux et qu’il répond, d’un air las, que combien de fois faut le répéter, ces putains de joints en silicone ça suffit pas pour l’étanchéité bordel de merde). Bounty Killer lui en revanche est total surex, j’adore le regard qu’il fait au début quand il s’aperçoit que Beenie démarre avant lui sur le riddim, et puis comme il le pousse ensuite, avant finalement de le laisser se frotter à moitié contre lui, c’est vraiment la folie ce rapport qu’ils ont. Et puis il y a la brève danse qu’il claque en se retournant, après la fin de son premier couplet, et qui suffit à elle seule à me rendre heureux.

11. WEJDENE – « Anissa »

Bizarrement, cette chanson que j’ai écoutée 200 fois en trois jours au moment où elle buzzait (et que Guillaume signait cet article brillant à son sujet) m’a ensuite laissé dans l’esprit un souvenir de tristesse très sincère, alors que je sais bien qu’elle est fake, en termes d’émotion, que c’est une histoire, pas la réalité, quoi. Mais que voulez-vous, j’ai fini par ressentir une vraie empathie pour cet adultère fictif. Voilà où j’en suis au niveau de ma vie intérieure.

12. LA FEMME – « Cool Colorado »

Le seul bon couplet de rap jamais interprété par un non-rappeur (Sacha Got, un des deux leaders de La Femme) de toute l’histoire de la France. Oui, Biolay était marrant sur « Hypertranquille » mais en fait il ne rappait pas vraiment.

13. « BANDE ORGANISÉE »

Ah bah oui, qu’est-ce que vous voulez que que je vous dise. Heureusement qu’il y a eu ce morceau pour réunir les gens pendant les rares mariages qui ont pu se tenir cet été, Romain Bailly vous le dira mieux que moi. Je recommande aussi bien sûr la version féminine, et puis à peu près tous les autres couplets de SCH cette année, notamment avec Zola, 13 Block, et sur « L’étoile sur le maillot » – le gars est clairement le meilleur rappeur de France, je crois qu’on peut le dire, au sens où je pense qu’il arrive même à convaincre les vieux quadras/quinquas anti-Autotune qui attendent que « ça kicke ».

14. ZUUKOU MAYZIE – « Vincent »

Pareil que Abi2spee : énorme charisme, sensibilité unique, timbre génial, amour palpable du rap, et au-delà de ce morceau que j’ai choisi pour son esprit blues estival, une œuvre solide et singulière. Super look aussi, et puis étrangement il aime Wu Lyf et Sigur Ros.

L’electrofunk isolationniste de San Serac

Nous n’avons pas oublié le chanteur américain San Serac, partenaire de Para One le temps du projet Slice & Soda, et également auteur de disques solo dont l’un, Ice Age, défendait les valeurs d’une pop électronique funky mais étrangement froide.

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Musique Journal - La rencontre fortuite entre un parapluie et une machine à coudre sur une table de mixage gaélique

La rencontre fortuite entre un parapluie et une machine à coudre sur une table de mixage gaélique

Après le jazz digital auvergnat il y a deux semaines, place aujourd’hui à un disque des années 90 mêlant « musique de bouche » issue de la tradition écossaise et arrangements électroniques proches de la trance ou de la techno. Pierre-Arthur Michau y entend, via ces canaux improbables, une révélation du répertoire gaélique.

Variété internationale pour réalité altérée

Aujourd’hui, Musique Journal vous parle d’un album discutable, non parce qu’il est scandaleux ou raté, mais parce qu’il joue la carte du conformisme musical le plus extrême : il s’agit de It’s Better To Travel des Anglais de Swing Out Sister. Un disque pionnier de la pop jazzy, riche en synthés MIDI et en envolées soul, qui dans les années 80 a dû animer plus d’une soirée en agence de pub, mais qui pourtant résonne d’une profonde mélancolie du présent.

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