Ce DJ set de Walter Mecca met tout le monde de bonne humeur

WALTER MECCA Présente Arcnoid22
DJ set pour Rinse FM, 2021
[WALTER MECCA] BGM 001-006
Arcnoid22, 2020
Écouter
YouTube
Écouter
Bandcamp
Musique Journal -   Ce DJ set de Walter Mecca met tout le monde de bonne humeur
Chargement…
Musique Journal -   Ce DJ set de Walter Mecca met tout le monde de bonne humeur
Chargement…
S’abonner
S’abonner

J’ai l’impression que Walter Mecca préfère occuper son temps à faire de la bonne musique plutôt qu’à élaborer sa stratégie digitale avec une équipe dédiée, et j’approuve ce choix, même si du coup c’est vrai que ça faisait un moment que je n’avais plus entendu parler de lui – je dirais quatre ans, depuis ce EP jungle dont un track avait été remixé par Bamao Yendé. Mais je crois que cette discrétion n’a rendu que plus intense ma joie de le voir apparaître sur mon feed FB il y a trois jours, alors qu’il jouait sur Rinse. Son DJ set (qu’on peut aussi écouter juste en audio ici) m’a mis d’hyper bonne humeur parce qu’il y enchaînait avec assurance et sobriété des petites séquences qui semblaient toutes plus ou moins imbriquées les unes aux autres. Des séquences dans des registres pourtant variés, allant de la house et de la techno en passant la jungle, avec aussi pas mal de sons « beats », à la californienne, entre Dam Funk et The Internet pour faire un raccourci sans doute abusif, et où jaillissaient parfois des éclats jazz-rock de toute beauté (d’ailleurs au passage RIP Chick Corea). Bref, cette heure de mix est formidable, le swing évident, la diversité des paysages jouissive et puis quand vous materez la vidéo vous verrez que Walter Mecca n’est pas du genre à rester amorphe derrière ses platines, et là aussi, j’approuve son choix.

Si les morceaux mixés par Walter semblent si bien aller les uns avec les autres, c’est précisément parce qu’il les a tous produits lui-même, et que ce mix est donc, comme il me l’a dit, le fruit de tout un boulot de production préalable, « avec parfois du sample, parfois de la compo » et aussi quelques tracks d’autres artistes (Flying Lotus, SebastiAn, entre autres) remixés par ses soins. En fait, c’est une façon pour lui de présenter Arcnoid22, label qu’il a lancé en novembre et où il a sorti six EP « samplers », chacun sortis sous différents pseudos commençant tous par la lettre A, et qui rassemblent au total 98 morceaux. Ça fait beaucoup de tracks pour seulement six EP, mais c’est parce que certains d’entre eux sont très courts. Ces releases sont présentées comme de la « background music », donc en gros comme de l’illustration, et la plupart des plages portent des noms génériques. Ce sont des productions envisagées par Walter comme de plages de library et de fait leur format « bande démo » est ce qui colle le mieux. Je trouve ça très cool de publier sa musique comme ça, sans trop calculer les exigences du marché, c’est comme s’il disait : « Bon bah voilà tout ce que j’ai produit ces derniers temps, j’ai aussi préparé un mix si vous voulez pas tout écouter track par track, bref, vous en faites ce que vous voulez, en tout cas voilà ce que je sais faire, allez salut ! ». En somme, c’est comme s’il ouvrait une grande bibliothèque du groove, et personnellement, à la fois en tant qu’ex-bibliothécaire et en tant qu’adepte du groove sous toutes ses formes, je peux vous dire que je veux m’y inscrire immédiatement (d’ailleurs voici mon justificatif de domicile, comme vous le voyez j’habite sur la planète funk).

Les 98 titres ne sont bien sûr pas tous intégrés dans le mix et je trouve que c’est aussi intéressant de les écouter un par un, sachant que dans le lot il y a des morceaux incroyables mais qui ne sont donc que des vignettes d’une minute et qui forcément donnent envie d’en entendre plus ! Il y a des trucs qui sonnent comme du Jam & Lewis, du hip-hop instrumental genre early Mo’Wax ou Ninja Tune, de la deep house bien crépitante et soulful, des trucs techno sévères, de la jungle jazzy/liquid, du breakbeat pré-jungle, bref c’est vraiment l’assortiment parfait qui nous est ici servi, comme un énorme plateau de tapas à savourer tout au long du weekend qui arrive. Mais vous pouvez aussi choisir d’écouter le mix, qui lui serait plus le menu dégustation, préparé spécialement pour vous par le chef.

Evidemment, on a hâte d’entendre les futures sorties d’Arcnoid22 (qui ne poursuivront pas forcément ce délire library) et en attendant on peut réécouter l’ensemble de la discographie de Walter Mecca, où l’on sera heureux de découvrir, outre ses tubes avec Bonnie Banane et ses différents projets beats et drum’n’bass, un très beau et très vif morceau zouk signé sous le nom de Philippe Barnel : « Zouk UFO ». Sur ce, je souhaite une bonne journée et un bon weekend à tout le monde, sauf aux DJ statiques aux platines.

Un commentaire

  • Jules dit :

    Allier Canterbury et le hip hop, rafraichir la jungle des pionniers avec un flow audacieux, inscrire le tout dans la tradition de l’illustration sonore… Voilà une découverte particulièrement réjouissante, surtout quand on est fan de tous ces mouvements musicaux.
    Ce grand écart n’est surement pas aussi improbable qu’il en a l’air ; les producteurs solides comme Madlib, Flying Lotus, ou Fuzati (j’assume la comparaison) avaient déjà démontré leur « épaisseur » par des emprunts de tout horizon.
    L’ouverture d’esprit est-elle la marque des bons producteurs ? ou bien ont-ils tous les mêmes références, mais seuls les bons savent comment les intégrer dans leurs productions ?

René Aubry, pionnier de l’hauntology française ?

Il a composé le générique de « Bas les masques » de Mireille Dumas et sa musique fonctionnelle a beaucoup nourri le paysage audiovisuel français sous le deuxième mandat de François Mitterrand. Peut-on dire que René Aubry a semé sans le savoir les graines d’une hauntology hexagonale ? Musique Journal tente de répondre à cette brûlante question en écoutant son album Libre parcours.

Musique Journal - René Aubry, pionnier de l’hauntology française ?
Musique Journal - Du noise psyché tellement huileux qu’on le retrouve perdu en Jamaïque

Du noise psyché tellement huileux qu’on le retrouve perdu en Jamaïque

Tom Smith, membre fondateur du chaotique et prolifique groupe américain To Live and Shave in L.A. est décédé il y a quelques mois. Thomas Dunoyer de Segonzac revient aujourd’hui sur un album particulier du groupe, The Wigmaker in Eighteenth-Century Williamsburg, aussi magnifique que dense, et lui trouve des similitudes avec la pratique dub.

Une chanteuse péruvienne incroyable (et trois histoires de son pays)

Pour finir la semaine, direction Lima, au Pérou, pour y découvrir la princesse du folklore local, Alicia Delgado, et vous raconter au passages trois histoires pas très drôles mais néanmoins fascinantes.

Musique Journal - Une chanteuse péruvienne incroyable (et trois histoires de son pays)
×
Il vous reste article(s) gratuit(s). Abonnez-vous pour continuer à nous lire et nous soutenir.