Écouter de la musique de jeu vidéo en période estivale, la tendance qui affole les réseaux !

Masaharu Iwata & Hitoshi Sakimoto Final Fantasy Tactics Original Soundtrack
Digicube, 1997
Masaharu Iwata Baroque
Digicube, 1998
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Musique Journal -   Écouter de la musique de jeu vidéo en période estivale, la tendance qui affole les réseaux !
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Je l’ai moult fois répété, et ce n’est pas cette fois de plus qui changera vraiment la donne : j’aime ÉNORMÉMENT la série des Final Fantasy – les gameplays, les histoires, les personnages, les ambiances et donc, inévitablement les OST de cette saga. Si, musicalement, des sommets ont selon moi été atteints avec les numéros VII et IX (oui : nous, les aficionados de FF, comptons en chiffres romains), je dois avouer que la découverte de la bande originale de Final Fantasy Tactics, une des seules occurrences de la série n’ayant pas été composée par l’inénarrable taulier Nobuo Uematsu mais par un duo de choc (j’ai nommé Hitoshi Sakimoto et Masaharu Iwata) a été une très belle surprise, même si celle-là n’opère pas une révolution tonitruante par rapport aux autres opus.

Sorti en 1997, Final Fantasy Tactics est considéré à raison comme un épisode particulier, et notamment car tenant plus du jeu tactique que du jeu de rôle. Se déroulant toujours dans un univers fantastique, on y retrouve ce mélange de prosaïque et d’onirique, cette ondulation entre rêve et intrigue politique – le cadre de l’histoire est ici un conflit, « la Guerre des Lions », engagée entre deux familles nobles convoitant le trône du royaume d’Ivalice. C’est toujours un peu ça, Final Fantasy : le banal et le romanesque se joignant pour donner forme à des mondes enchanteurs et éthérés, très référencés.

Dans ces aventures homériques pleines de nobles sentiments et d’idéaux incarnés, notre monde ne semble jamais bien loin, surgissant parfois avec plus de force – cf. les attentats perpétrés par un groupe écologiste radical, auquel les héro·ïnes sont affilié·es, contre une corporation toute-puissante suçant littéralement l’énergie vitale de la planète, dans FFVII ; le clonage et l’utilisation d’êtres sensibles comme chair à canon dans FFIX, et j’en passe. Mais toute cette laideur et ces bas instincts se trouvent toujours contrebalancés par des moments de grâce audiovisuels, beaucoup plus intimes et calmes, servis par des thèmes irréels de délicatesse, d’où mélancolie et héroïsme s’échappent de partout.

Musicalement, la partition de Final Fantasy Tactics est très fournie : on a une œuvre d’une durée d’environ deux heures, composée de 71 morceaux souvent très courts (de quelques secondes à 5 minutes et 40 secondes pour le plus long), à la fois très orchestraux et très digitaux – les sons sont très « philharmonie de synthèse », une vibe par ailleurs rendues possible par les prouesses techniques, pour l’époque, de deux bons nerds du sound programming et des synthés, à savoir Hidenori Suzuki et Katsutoshi Kashiwabara. Ces pastilles, correspondantes aux différentes phases de jeux et se bouclant donc potentiellement sur elles-mêmes, mettent en place une grandiloquence en réduction, dont résulte une écoute voguante. Une écoute onirique, qui se déroule et se brouille, pleine de réminiscences – pour rappel : Final Fantasy VII sort une poignée de mois auparavant, sur Playstation 1, et ça s’entend.

Niveau compositionnel, la démarche des deux bonshommes précédemment cités est assez banale mais plutôt intéressante. Ces deux amis (depuis l’adolescence, paraît-il, c’est mims !) ont en fait travailler chacun de leur côté, puis réuni par la suite les morceaux ; Sakimoto en a réalisé 47, Iwata, 24. On a donc une œuvre double mais étonnamment homogène, créée par une équipe pour qui bosser ensemble tient vraisemblablement plus de la collab respectueuse et fun que du calvaire. La paire a d’ailleurs remis le couvert pour FFXII, en 2006, un épisode prenant place dans le même monde d’Ivalice.

Écouter un album de jeu vidéo d’une traite est une expérience souvent très étrange : ce dernier est toujours là, cristallisé dans la structure même de l’album – et cela même pour celleux n’y ayant pas forcément joué. Mais il est totalement possible de se détacher de cette attache première, de prendre l’œuvre en tant que telle, acousmatiquement, coupée de son contexte d’origine. Alors, celle-ci se complexifie, se fragmente, s’appréhende avec l’oreille à l’affût, glisse dessus, aussi ; une musique d’ameublement captivante. J’ai ainsi pu redécouvrir des œuvres que je pensais connaître par cœur, en découvrir sans même vouloir jouer au jeu, et faire de cette complexité formelle, qui tient beaucoup de la contrainte d’habillage et de narration, une caractéristique esthétique. C’est aussi ce que j’aime particulièrement dans ces musiques utilitaires, parfois un peu surannées : des façons d’arriver directement au climax puis de le trancher, de l’éviter parfois (notamment avec des vignettes qui semblent éternelles), de nous faire ressentir mille émotions à la minute, bref de mettre en œuvre des dynamiques très diverses sur des temporalités souvent très courtes.

Il est évident que les musiques vidéoludiques ont nourri pas mal de gamers et de musiciens, et en nourrissent encore des pléthores. Ces dernières années, il apparaît encore plus clairement que l’heroic fantasy nippon, ses cosmogonies et esthétiques à la fois naïves, exaltées, baroques et très deep ont particulièrement teinté les imaginaires de musicien·nes œuvrant dans des sphères parfois très différentes. Je pense à D’Eon et son fantastique album sur Hausu Mountains à Dark0 et son I-ternity (qui reprend jusqu’aux codes graphiques dans sa pochette), aux innombrables reprises de thèmes plus ou moins cringe peuplant youtube, aux jonctions entre musiques anciennes et protocoles MIDI et à tout ce que l’au-delà de l’internet fait de meilleur. Bon, ça fait pas gros comme exemples, mais vous voyez où je veux en venir, et je sais que nous sommes légion à être influencés par ces univers, donc si vous avez d’autres idées, je suis preneur !

Sinon pour presque conclure : à peu près au même moment (1998) et dans un tout autre style sort Baroque, jeu d’horreur à la première personne aussi culte que bizarre, pour lequel Iwata (qui est décidément un musicien passionnant, je viens juste de voir qu’il a aussi bossé sur la BO trop fantastique de Children of Mana, sorti en 2006 pour la nintendo DS) a aussi fait la musique. L’ambiance est aux antipodes du FF Tactics, on est plutôt sur du sound design creepy avec de belles phases éthérées, des nappes qui font peur et du bruissement industriel à la pelle (dédicace à toustes mes camarades érudit·es de ce post-monde), des mélodies über-gothiques et même des petits boosters de stress électroniques et mesurés pour te rappeler que t’es pas pépère à la maison mais bien dans le plus glauque des mondes possibles. Perso le cinquième track, « Confusion », me donne envie d’appeler ma mère TOUT DE SUITE. C’est absolument glacé, vide et glaçant, et ça fait très longtemps que je n’avais pas entendu une OST aussi radicale.

Voilà, pas vraiment de lien entre ces deux soundtracks – même si on retrouve parfois dans Baroque un sens de la mélodie évidente et rachitique, qui est aussi présent dans les pastilles les plus séraphiques de Final Fantasy – si ce n’est un protagoniste couteau-suisse qui aime faire les choses bien ! J’espère que cette proposition quasiment anti-estivale aux vues des standards ne bousculera pas trop votre trail dans le Vercors ou un apéro hédoniste à Malmousque (dédicace à l’intégralité de ma génération X/Y/Z en vacance à Massilia), et puis de toute façon, pour se mettre le feu fort, vous avez pas besoin de moi, hein ! Des kisses, on se capte bientôt !

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