Douze rétrospectives du nouveau passé

ZALTAN Quartier Choc
Gravats, 2014
CARVAL & TAREK Nique la musique de France : la résistance
Gravats, 2016
VARIOUS Par les damné.e.s de la terre : des voix de luttes 1969-1988
Hors Cadres, 2018
VARIOUS Digital Zandoli
Heavenly Sweetness, 2016
VARIOUS Outro Tempo : Electronic And Contemporary Music From Brazil 1978​-​1992
Music From Memory, 2017
VARIOUS Uneven Paths : Deviant Pop From Europe 1980​-​1991
Music From Memory, 2018
VARIOUS Personal Space : Electronic Soul 1974 - 1984
Chocolate Industries / Numero Group, 2012
VARIOUS Richard Sen presents : This Ain't Chicago – The Underground Sound Of UK House & Acid 1987​-​1991
Strut, 2012
Jean Nipon aka JN/WL House Steal Vol. 3
L.I.E.S., 2017
VARIOUS ANDINA : Huayno, Carnaval and Cumbia – The Sound Of The Peruvian Andes 1968​-​1978
Tiger's Milk / Strut, 2018
VARIOUS Follow the Sun
Anthology, 2018
VARIOUS Americana - Rock Your Soul : Blue Eyed Soul And Sounds From The Land Of The Free
BBE, 2011
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Si vous suivez Musique Journal, vous ne serez sans doute pas étonnés par le palmarès d’anthologies que je vous propose aujourd’hui, en cette veille de Noël. J’ai toujours écouté beaucoup de musique d’autrefois, mais en termes de disco-archéologie je trouve que cette décennie a vraiment inventé un truc : elle a fait surgir un nouveau passé, ou plutôt des nouveaux passés. Simon Reynolds n’avait pas du tout tort de parler de Rétromania en 2010 mais son propos concernait une tendance lourde des années 2000, là où le segment qui s’achève actuellement a cherché non pas la conservation d’un son déjà sacré mais plutôt la révélation de sons inconnus (et d’ailleurs, au passage, je remarque que beaucoup d’artistes marquants de cette décennie n’ont pas tant que ça joué la carte du rétro même s’ils ont puisé dans le passé, et aussi que le genre dominant des années 10, à savoir la trap, ne doit pas grand-chose à ce qui a été fait avant elle).

Toutes ces anthologies ont exposé des objets parfois enfouis si profondément qu’une fois remontés à la surface ils ont eu l’air de provenir de civilisations construites en parallèle de celles que nous avions retenues jusqu’ici, parfois semblables à des spin-offs de détails marginaux de « nos » cultures musicales officielles. Je l’ai déjà écrit plusieurs fois ici mais je le répète : la magie de ces disques, c’est qu’ils activent les potentielles fictions contenues dans tous ces morceaux jamais entendus, ils réveillent en nous ce qu’Agnès Gayraud appelle le « supplément subjectif » dans son livre Dialectique de la pop. Ils nous invitent à stimuler une vertu cardinale de notre pouvoir d’auditeur : celle de dépasser ce que nous entendons « strictement » et de nous façonner des nouveaux cadres d’écoute, plein de reflets inouïs, fourmillant de vibrations étrangères qui pourtant nous accueillent les bras ouverts – même quand elles viennent du même endroit que nous. 

Une bonne partie des anthologies sélectionnées ici sont en effet des productions françaises ou francophones, et pourtant tout y semble, à la première écoute, s’exprimer dans une langue musicale autre que la nôtre. Il y a le French boogie que ces dernières années de multiples anthologies ont abordé avec bonheur, dont la première exposition a été, à ma connaissance, Le fric et le sex, d’Arthur King (mais qui n’est hélas pas écoutable en ligne, il me semble) suivie de Quartier Chic ! de Zaltan (pas dispo non plus !) puis de Quartier Choc du même Zaltan. Dans un autre genre, j’ai énormément écouté Nique la musique de France 1 : La résistance de Carval et Tarek (c’est-à-dire Jérémie Kerlau et Low Jack, les deux créateurs du label Gravats, déjà responsable de la tape susmentionnée de Zaltan) qui m’a révélé l’existence de tout un archipel de chansons et instrumentaux post-post-68 à la fois rugueux et mélancoliques, qui alternent bagarre, désespoir et méditation avec un élan très hexagonal, et très 20e siècle aussi. Dans un registre, comment dire, à la fois voisin et éloigné, j’ai adoré pour des raisons complètement différentes l’anthologie Par les damné.e.s de la terre réalisée par Rocé, qui rassemble des titres issus d’artistes et militants issus pour la plupart des ex-colonies françaises. La force de ce disque, et elle est revendiquée par son concepteur, c’est de pratiquer une espèce de contre-exotisme austère : à aucun moment la musique n’y sonne funky ou « couleur locale », les chansons résonnent d’un « blues dur et sincère », comme l’écrit Rocé, et du coup elles prennent à revers nos réflexes et nos attentes. La dernière anthologie française que j’ai choisie, c’est Digital Zandoli (j’ai pris le volume 1 mais j’aurais aussi bien pu retenir le 2), un projet monté par Julien Achard et Nicola Sirkis et qui, sans le savoir, a donné vie à un fantasme qui m’animait depuis longtemps et auquel j’avais même consacré un chapitre dans le roman graphique que j’avais fait avec Jan KRSN : celui d’un zouk « alternatif », voire underground. 

Hors de l’aire francophone, j’invite ceux qui ne connaissent pas encore le label Music From Memory à se plonger dans leur discographie et en particulier dans ses fabuleuses compilations Uneven Paths (sur la pop « déviante » européenne) et Outro Tempo (consacrée aux expérimentations brésiliennes entre jazz, électronique et tradition, et dont les deux volumes sont aussi fous l’un que l’autre) pour se donner une idée et surtout un sentiment de ce que le digging sérieux peut donner de plus beau et de plus magique. Vos coordonnées seront bousculées, vos codes de goût ignorés, vos interprétations défaites, mais en douceur et avec bienveillance, car il s’agit en majorité de morceaux plutôt chaleureux. Dans le même ordre de feeling, il y a la grisante Andina, consacrée à la pop péruvienne montagnarde, un genre de musique dont je n’attendais pourtant pas grand-chose, ou encore Personal Space, la merveilleuse anthologie de soul électronique fin 70 début 80 éditée par Chocolate Industries, label dont j’avais oublié l’existence mais autrefois très « edgy » dans le genre rap/electro, et conçue par un digger génial du nom Dante Carfagna. 

J’ai également pensé à Rock Your Soul et Follow The Sun, qui là, pour le coup, restent assez fidèles à l’ancienne école de la réédition, c’est-à-dire qu’elle approfondissent un son (respectivement : la pop américaine blanche mais funky et la scène folk/psyché australienne) que l’on connaît déjà un peu mais dont on est enchanté de trouver des si belles et si nombreuses itérations, riches en singularités. Pour finir avec des choses plus club et plus récentes, il fallait mentionner l’anthologie de early techno anglaise It Ain’t Chicago et la mixtape House Steal Vol. 3 de Jean Nipon, qui réussissent l’exploit non-négligeable d’offrir une suite de dance tracks pour gros connaisseurs qui ne tombe absolument jamais ni dans la cuistrerie, ni dans la pontification, et qui résument à leur façon tout ce qu’il y a de dingue dans ces grooves de zone grise.

Je précise que j’aurais pu aussi sélectionner des rééditions d’albums originaux, et j’en ai aimé beaucoup, d’ailleurs j’en ai abordées certaines ici, genre celles de Woo ou de Luc Marianni, mais j’avoue avoir une attirance plus forte pour ces anthologies dont les auteurs imposent leur fiction et impriment leur légende sur l’histoire réelle. Grâce à elle, ces années que j’aurais pu passer à regretter ma jeunesse et mon innocence, et à voir êtres aimé.e.s et choses adulées disparaître autour de moi, ont pu être plus douces et moins sombres que prévu. Merci donc aux artistes et aux compilateurs de m’avoir aidé à laisser la lumière passer. Et puis joyeux Noël à tous !

Sommes-nous en train de vivre une résurgence néo‑metal ?

Les bilans de Musique Journal ne sont pas encore finis ! Ce matin, c’est Sarah Mandois qui nous parle de l’imprévisible mais palpable retour du néo-metal. Elle en profite pour revenir un peu sur ce qu’a été, voici vingt ans, ce moment si particulier, si mal compris et si important de l’histoire de la pop culture récente. 

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Musique Journal - Rien de tel que la Grèce hors-saison

Rien de tel que la Grèce hors-saison

À la découverte des traditions musicales du Dodécanèse, de Crète ou de Romélie, avec cette anthologie panoramique réalisée sur plusieurs décennies par Samuel Baud-Bovy.

Rien ne peut entraver l’absolue musique de Morricone (pas même ce drame mollasson)

Sans être un fan névrosé du « signore » Morricone, Nicolas Golgoroth nous sort ce matin la BO composée par le maître pour le dernier film de Silvano Agosti, La Ragion Pura. Une œuvre où le compositeur met en branle son légendaire artisanat du thème, plein de réminiscences et de citations hypnagogiques.

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