Quelle musique ne pas écouter lorsqu’on a de la fièvre ?

GABRIEL DALAR 39 de fièvre
Fontana, 1958
CATERINA VALENTE 39 de fièvre
Decca, 1959
BABETTE BRUNEAU 39 de fièvre
G.E.M., 1960
MARIE-FRANCE 39 de fièvre
RCA, 1981
Écouter
YouTube
Écouter
YouTube
Écouter
YouTube
Écouter
YouTube
Musique Journal -   Quelle musique ne pas écouter lorsqu’on a de la fièvre ?
Chargement…
Musique Journal -   Quelle musique ne pas écouter lorsqu’on a de la fièvre ?
Chargement…
Musique Journal -   Quelle musique ne pas écouter lorsqu’on a de la fièvre ?
Chargement…
Musique Journal -   Quelle musique ne pas écouter lorsqu’on a de la fièvre ?
Chargement…
S’abonner
S’abonner

Ce n’est jamais très sympathique d’avoir de la fièvre et j’en ai eu hier, encore un peu ce matin mais ça va mieux, et à chaque fois que ça m’arrive je constate une chose, c’est qu’il ne faut surtout pas écouter de la musique quand on a de la température. Certes, le sujet fiévreux ne peut généralement plus faire grand-chose tout court – c’est également relou de regarder un film ou de lire un truc – mais si vous lui mettez une chanson, même douce ou discrète, ce sera vraiment la pire torture pour lui. Je ne sais pas bien comment ça s’explique, peut-être que l’art sonore mobilise trop l’attention tout en imposant une sorte d’instabilité intrinsèque qui agresse le malade, mais en tout cas j’ai encore pu le constater hier, ça se passe toujours mal.

Surtout, la fièvre a tendance à faire tourner l’esprit en boucle et une simple mélodie peut s’infiltrer dans les oreilles du patient sans jamais en ressortir. C’est une mésaventure que j’ai vécue il y a plus de dix ans – et que j’ai déjà racontée à beaucoup de gens – lors d’une hospitalisation pour une méningite qui avait fait grimper ma température à un tel niveau que je comprenais à peine où j’étais – je me croyais plus dans une sorte d’hôtel qu’un hosto. Surtout, je m’étais retrouvé avec deux gros earworms dans la tête, deux tubes que je n’avais même pas entendus à l’hôpital ni même au cours des jours qui précédaient, mais que je connaissais depuis l’enfance et qui avaient rejailli de ma mémoire sans qu’on ne leur ai rien demandé : « Les histoires d’A » des Rita Mitsouko et « Qui sème le vent récolte le tempo » de MC Solaar. Plus précisément, comme c’est souvent le cas dans ce genre de phénomène, il s’agissait de portions précises de ces deux morceaux. Pour le premier, c’était : Hector est mooo-ooorrt en faisant une fugue/Il allait retrouver Gertruuude / Simone et Tom s’engueulaiiient/ Dès que 21 heures sonnai-aaiiiennt yeaaaaahh. Pour Solaar c’était ce passage très technique que j’étais fier de savoir chanter quand j’étais petit : Le paramètre est paranormal / Que dire, que dalle / Claude MC s’installe / ancré dans les annales / Exemples : le rock, la salsa, le twist et le reggae / Petit à petit sans faire de bruit se sont impôoosés / Car qui sème le vent récolte le tempo.

Le truc particulièrement pénible dans cette affaire, c’est que les paroles m’étaient vraiment restées bloquées dans le cerveau non-stop, et pendant au moins 24 heures chacune, sachant que je n’arrivais pas trop à dormir – franchement ça rendait fou. Bref, ça avait fini par se calmer et depuis j’ai même pu réécouter sans problème et sans rancune les chansons en question. En revanche, fiévreux ou pas, je n’arrive toujours pas à aimer « Fever », ce standard repris des centaines de fois. Ce n’est pas que je n’aime pas la compo elle-même : d’une part c’est que depuis mon expérience de l’hôpital je trouve ça assez peu pertinent de comparer la fièvre au désir charnel, et puis c’est surtout que je n’ai jamais trop aimé le principe des standards repris à toutes les sauces, ça m’assomme très vite. En revanche, j’ai trouvé sur Discogs des versions françaises qui pour le coup m’ont plu davantage : trois d’entre elles, dans un esprit chanson jazz, datent de la même période, à savoir la fin des années 50, et sont interprétées par des artistes dont la grande histoire n’a pas retenu le nom : Gabriel Dalar, Caterina Valente et Babette Bruneau. La version de Dalar, en revanche, est arrangée par Goraguer, et puis surtout si l’adaptation française des textes est aussi réussie, c’est qu’elle a été assurée par Boris Vian. La quatrième cover date de vingt ans plus tard et elle est de notre trésor national Marie-France, qui avait carrément baptisé son premier album 39 de fièvre.

Le détail amusant dans cette adaptation c’est que Vian s’est bien rendu compte que les mots fièvre et fever ne tombaient pas pareil rythmiquement et qu’il a donc remplacé le « fever ! » très sec du refrain par un « trente-neuf ! » qui fait bizarre au début mais qui me plaît beaucoup. Voilà, ce sera tout pour aujourd’hui, je crois que ma température est désormais retombée à des indices normaux et que Musique Journal pourra reprendre son cours dès demain. J’aurais certes aussi pu vous parler de l’album Tendres fièvres d’Alain Chamfort (avec Wally Badarou, Yasuaki Shimizu, Marc Moulin, Dan Lacksman, Jacques Duvall et Boris Bergmann !) et de sa chanson « La fièvre dans le sang », tout comme j’aurais pu mentionner ce artiste français de UK Garage que j’ai découvert hier et qui s’est choisi Fièvre comme pseudo – mais ce sera pour une prochaine grippe.

Le groupe prog tiers‑mondiste qui fantasmait la musique aztèque

Notre correspondant en Amérique latine Raoul Tarez nous raconte aujourd’hui l’histoire d’un mystérieux album électronique mexicain, Quetzalcoatl de Tito, qui en 1977 explorait la possibilité d’une musique amérindienne ancienne.

Musique Journal - Le groupe prog tiers‑mondiste qui fantasmait la musique aztèque
Musique Journal - (la forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel)

(la forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel)

Quelques morceaux à écouter après l’incendie de Notre-Dame de Paris

La fois où le dodécaphonisme est parti en Chicken Run

Ce matin, Musique Journal a le bonheur d’ouvrir son CMS à Mathias Kulpinski, qui nous parle d’un des moments les plus déconneurs de l’histoire de la musique dodécaphonique : c’est l’album Rotas Tenet de Sven-Eric Johanson.

Musique Journal - La fois où le dodécaphonisme est parti en Chicken Run
×
Il vous reste article(s) gratuit(s). Abonnez-vous pour continuer à nous lire et nous soutenir.