R.E.P. Andrew Weatherall

Andrew Weatherall "Feathers"
Rotters Golf Club, 2006
One Dove "Fallen (Nancy & Lee remix)"
Soma, 1991
Transglobal Underground "International Times (Haunted Dancehall - Sabres of Paradise remix)"
Nation Records, 1994
The Asphodells "A Love From Outer Space"
Rotters Golf Club, 2012
Sly & Lovechild "The World According To Sly & Lovechild (Soul Of Europe Mix)"
1990, Heavenly
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La première fois que j’entends parler d’Andrew Weatherall, c’est en 2006. Je n’ai même pas 20 ans, je vis à Londres, je fais mes premiers pas dans le monde de la musique, je mixe depuis peu et j’écris pour un webzine nommé Get The Curse. Je ne sais plus si j’ai d’abord vu Andrew mixer ou si j’ai d’abord lu une interview de lui par Lelo Jimmy Batista. 

Ce dont je suis sûr c’est que le personnage et sa démarche m’ont immédiatement intrigué et qu’à partir de là j’ai commencé à écouter et explorer tout ce qui était en lien avec lui. En commençant par Primal Scream, puis en écoutant Sabres of Paradise, ainsi que les sorties de son label Rotters Golf Club et ses diverses compilations. 

Je ne manquais aucune de ses résidences à T-Bar le jeudi soir aux côtés d’Ivan Smagghe. Ensemble, ils ont fait mon éducation du dancefloor ; aujourd’hui j’ai moins le souvenir du contenu de leurs sets que de leur manière d’être et de jouer. C’était pour moi un véritable « Teacher » dans le sens où l’entend le morceau du même nom sur le premier LP de Daft Punk : un passeur, quelqu’un dont tout le travail semblait tourner autour de la transmission et de la diffusion des idées et des influences, au delà des frontières imposées entre scènes, genres et époques. 

En interview, derrière les platines, derrière une console de mixage, ou en tant que curator, son enseignement le plus important est à mon sens son ouverture d’esprit. Une approche ouverte et transversale de la musique. C’est le choix de toujours faire dialoguer les styles et les formes, qu’ils soient contemporains (house, minimale, electro) ou anciens (dub, soul, folk, blues, rock’n’roll). C’est aussi le choix de ne jamais renier ses influences, sans pour autant se perdre dans une nostalgie sans lucidité. 

Il n’a pas été le seul à le faire, mais par sa position privilégiée d’icône underground et de producteur relativement renommé, j’ai le sentiment que son approche a influencé plusieurs générations. 

Alors j’ai choisi cinq de ses productions, que j’ai trouvées importantes pour moi. C’est une liste forcément très personnelle quand on sait que Weatherall a signé plusieurs centaines de remixes. 

Andrew Weatherall – Feathers

Je me souviens que la badasserie de la compile Sci Fi Lo Fi sur Soma m’avait beaucoup impressionné à l’époque. Weatherall, c’était non seulement le DJ plus agé que la moyenne, qui s’habillait plus ou moins rockabilly et mixait comme un voyou de la techno minimale dans la room 2 de Fabric ou ailleurs. Mais c’était aussi le selector capable d’emmener Soma et son public sur un terrain qui n’avait a priori rien à voir, celui de la musique avec des guitares plutôt que des synthés. Dans un style immédiatement reconnaissable (sans doute ces harmoniques de guitares au phrasé mélodieux), ce morceau de lui clôturait une sélection où figuraient entre autres les Cramps, T-Rex, Gene Vincent et Killing Joke.  

One Dove – Fallen (Nancy & Lee remix)

J’hésitais entre plusieurs remixes lents, mâtinés de breakbeat et qui dégoulinent tellement ils sont baléariques. Je choisis celui-ci, euphorique, lysergique, sensuel, hypnotique, l’un des plus beaux exemples du genre de voyage et d’expérience que promettent ses remixes, où coexistent influences dub, rock et électroniques. Car cet homme, comme beaucoup d’Anglais (mais pas que), n’a jamais oublié la contribution essentielle des Jamaïcains, leur approche du studio, considéré comme instrument de musique à part entière, faisant du producteur/ingénieur du son un créateur plutôt qu’un simple exécutant. 

Transglobal Underground – International Times (Haunted Dancehall – Sabres of Paradise remix) 

Il fallait évidemment en placer une sur Sabres of Paradise, label et groupe mené par Weatherall. On aurait pu choisir plein de choses, comme « Smokebelch » qui plagiait la mélodie d’un titre du New-Yorkais Elbee Bad ou « RSD », brillante association de flûtes de pan et de BPM à deux chiffres pour compile chillout, et qui a bien tenu sur la durée. Mais j’affectionne particulièrement ce remix pour Transglobal Underground, un morceau downtempo, mystique à souhait, mais aussi conçu pour faire bouger les corps, que j’ai découvert par le biais de DJ Athome de Front de Cadeaux.

The Asphodells – A Love From Outer Space

Réussisant le pari rare de faire une reprise encore plus époustouflante que l’originale, cette version du classique d’A.R. Kane est coincée dans ma tête depuis la sortie de l’album de The Asphodells dont Weatherall faisait partie. Palette sonore post-punk mariée à une approche plutôt baléarique et un sens de la mise en scène évident, pour un résultat tubesque et entêtant.

Sly & Lovechild The World According To Sly & Lovechild Soul Of Europe Mix

Je clôture cette liste de cinq morceaux par le dernier remix de Weatherall que je découvre, le premier après sa disparition. Le Britannique est parti mais il laisse derrière lui une quantité époustouflante de remixes où il est plus ou moins crédité. Au delà des plus connus que nous allons redécouvrir ces prochaines semaines, il y a plein de choses à déterrer, comme cette version d’un titre de Sly & Love Child, qui date de mars 90, et où l’on entend déjà qu’il y a chez le jeune producteur d’alors quelque chose qui le distingue déjà du reste dans sa façon de construire et de mettre en scène. 

NB : nous vous invitons par ailleurs à allez écouter la super playlist de 31 titres réalisée par nos amis de Section26, dont la maison-mère Magic Mushroom avait probablement été la première antenne française du culte d’Andrew au début des années 90.

2 commentaires

  • Hervé GUILLEMINOT dit :

    Je suis en train de réécouter Sabres of Paradise et Two Lone Swordsmen, tu as raison de dire qu’il était original dans son approche et très ouvert sur de multiples genres musicaux. Cela procure un vrai rafraichissement dans ses oeuvres, qui m’avait totalement échappé à l’époque.
    J’adore la basse hookiennne à la fin de The Asphodells.
    Merci pour ce très bel hommage.
    Hervé

  • stephane connet dit :

    D’accord avec toi Hervé sur la fin de the Asphodells, terrible boucle qui reste bien en tête. Pour info, le Very Good Trip de Michka Assayas sur Inter ce soir est une émission spéciale Weatherall (dispo déjà à l’écoute sur le site d’Inter). Stéphane

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