Les cinq meilleurs morceaux rap français du premier trimestre 2020 !

INFINIT' & ALPHA WANN Cigarette 2 Haine
GAMBI & HEUSS L'ENFOIRÉ Dans l'espace
DIDDI TRIX Quoi d'neuf
LALA &CE Butterfly Finesse
MAKALA Babino
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L’histoire d’amour et de haine que j’ai depuis vlàaa longtemps avec le rap français ne s’arrêtera sans doute jamais. Ce serait chronophage de détailler les affres de ce rapport complexe, qui touche à la fois aux sons, à l’écriture, et au climat actuel de surexcitation et de surproduction dans lequel baigne ce genre en plein état de grâce. Mais disons en tout cas qu’à peu près à chaque fois que je me dis que ça y est, j’y arrive plus, mais putain c’est de la merde cette musique (ou, dans un registre plus nuancé, que cette musique n’est pas vraiment faite pour moi), débarque soudain sur YouTube un morceau ou des morceaux que je trouve incroyables, et là, ça y est, j’écoute plus que ça, je remets les tracks quinze fois de suite, je connais les textes par cœur, je suis les flows avec les doigts, bref je me la donne à fond devant mon ordi, c’est ni plus ni moins le fuego dans mon casque.

Récemment, ça me l’a fait avec cinq sons (plus un sixième, mais dont je vais parler ailleurs). D’abord, il y a eu ce titre de l’album du rappeur Infinit’, avec son pote Alpha Wann. Au risque de me faire fumer par le « Stan Twitter » du rap français, je voudrais dire que je n’ai jamais bien capté l’engouement autour du son néo-boom bap de 1995/L’Entourage dont viennent notamment Nekfeu, Lomepal ou Sneazzy – essentiellement parce qu’au départ ça ne sonnait selon moi pas assez différent de ce que j’écoutais sur 88.2 à la fin des années 90 pour que je m’y intéresse, et parce que je trouvais ça souvent trop scolaire et emprunté, pas assez spontané (après, j’ai pas écouté non plus des centaines de tracks de cette scène pour me faire un avis, alors que c’est ce que font, concrètement, la plupart des vrais cramés de rap que je vois s’exprimer sur YouTube, Twitter ou dans les podcasts spécialisés). Et puis en 2014, je suis tombé sur ce freestyle extrêmement impressionnant, pour ne pas dire très très lourd, d’Alpha avec son compère Infinit’ (lequel n’est d’ailleurs pas un ex-membre de L’Entourage ou affiliés, puisqu’il vient d’Antibes et non de Paris) qui m’a fait changer d’avis sur cette école « revival », qui d’ailleurs s’est ensuite peu à peu adaptée aux sons plus contemporains, notamment dans les beats, signés ici par JayJay et LamaOnTheBeat mais bien souvent produits par Hologram Lo. Bref, Alpha et Infinit’ sont déjà vraiment hyper forts chacun de leur côté mais quand ils sont ensemble là c’est carrément l’Olympe : sur l’instru assez 8-bit de « Cigarette 2 Haine », on sent l’esprit de compétition qui les galvanise mutuellement, c’est vraiment le festival de placements acrobatiques, de rimes imparables et de punchlines cruelles et drôles comme on aime. Si vous ne suivez pas trop le game, sachez qu’Alpha est vu par beaucoup comme le Ben Arfa du rap français : tout le monde le considère comme le plus doué de sa génération mais son album UMLA, pourtant méga plébiscité par la critique, ne s’est pas bien vendu – pas de gros singles, pas de compromis esthétique par rapport à ses valeurs originelles, c’est d’ailleurs très bien expliqué dans cette vidéo de la chaîne Le Règlement et personnellement je trouve ça très courageux de sa part, mais j’ai l’impression que tout le monde n’est pas de mon avis.

Le deuxième track que je vous recommande aujourd’hui n’est ni plus vraiment une nouveauté puisqu’il est sorti en janvier. Il a déjà fait 50 millions de vues – et je vais être transparent, il en était à 43 ou 44 quand je l’ai découvert – et réunit deux artistes qui, il y a encore dix huit mois, étaient quasiment voire totalement inconnus : Gambi ft Heuss l’Enfoiré. Il y a une histoire autour de ce featuring, c’est que Heuss est arrivé en studio sans avoir préparé de couplet et qu’il a ressorti, sans le dire à Gambi, des bouts d’un vieux texte écrit pour une obscure mixtape sortie en 2015. Comme presque personne n’avait entendu ce son, il a dû se dire que ça passerait crème mais un internaute lanceur d’alerte a révélé le pot-aux-roses quelques jours après la mise en ligne du clip. Ça n’a pas empêché le titre de devenir un tube, mais les fans se sont accordés à dire que Gambi se l’était un peu fait mettre à l’envers par Heuss qui, pour le coup, n’a pas fait mentir son sobriquet en se comportant comme un authentique « enfoiré » (à sa décharge, j’ai envie de dire qu’au moins, il est cohérent). Mon avis n’a pas grande importance mais personnellement je trouve pas que cette histoire de paroles recyclées soit très grave, surtout que Gambi, lui, envoie un couplet de malade, à peu près comme tous ses couplets, en fait. Le style de cet ancien livreur de sushis originaire de Fontenay-sous-Bois dans le 94, c’est un charisme naturel, une apparente bonne humeur et des textes construits sur des jeux sonores aussi gratuits qu’irrésistibles, de type : « J’suis avec la poisse, pousse, fais la passe/J’ai des tictac, j’arrive en tactac » ou ailleurs « J’ai pas d’go et ma go n’a pas d’gars ». On sent que le mec s’amuse, qu’il a une inspiration de gamin qui dit n’importe quoi mais ça sonne hyper bien, et je trouve que ça change du rap de bonhomme pas drôle que pratiquent bon nombre de ses collègues. Et puis il y a ce beat pas du tout rap, néo-French Touch, festif mais teinté de mélancolie, composé par une équipe de quatre très jeunes types que Raphaël Da Cruz a interviewés dans son émission La Prod pour Le Mouv. Bref, gros classique, et si ça vous plaît je vous invite à découvrir d’autres tracks de Gambi, qui se trouve bien aimer les instrus en 4/4, comme sur « Popopop » ou « En Stevez ».

Il y a ensuite un autre jeune rappeur tout aussi charismatique et doté comme Gambi d’une voix singulière, mais dans un registre très différent (d’ailleurs ils se détestent) : c’est Diddi Trix. Il vient de Bondy dans le 93 et aime particulièrement le son West Coast et maîtrise grave le C-Walk. Signé chez AWA, l’écurie de DJ Kore, il assume sans problème cette esthétique rétro en la modernisant, mais pas trop, et sans pour autant avoir l’air de nous faire visiter le musée du gangsta rap californien. C’est crédible, c’est frais, c’est authentique, et surtout le ton et la prononciation « freaky » qu’il donne à ses phases lui donne une personnalité unique. Ce mec est trop fort et mon collègue Guillaume Echélard est d’accord avec moi dans ce super article qu’il a écrit sur la voix de Diddi.

Passons ensuite à deux personnalités dont j’ai déjà parlé ici, et sur lesquelles je ne m’étendrai pas plus que ça, si ce n’est pour dire qu’ils sont toujours aussi doués, voire encore plus foués qu’avant. Lala &ce a mis en ligne plusieurs nouveaux morceaux depuis sa mixtape Le son d’après sortie il y a bientôt un an, et la semaine dernière elle a balancé ce truc hyper simple, hyper sexy et hyper addictif (avec un son de clavier en intro qui me fait un peu penser à Chassol), et dont le clip a été tourné alors qu’on était déjà confinés. On voit donc Lala et ses ami.e.s s’enjailler chacun.e chez eux devant leur téléphone, on reconnaît entre autres – en train de faire du hula hoop – Bamao Yendé dont je parlais le mois dernier, et on rêve évidemment d’entendre une collab entre eux deux. La Lyonnaise a aussi posté, un peu avant, une sorte de vidéo mi-promo mi-docu qui présente son nouveau collectif/crew, PGGL (pour POSITIVE GRATEFUL AND GOOD LOOKING) et donne une idée excitante bien que mystérieuse de ce qu’elle a en tête depuis qu’elle a quitté l’équipe 667 (dont l’un des membres, Zuukou Mayzie, est mon sixième choc rapologique récent, mais j’en parlerai dans le nouveau zine de Renaud Sachet, qui va bientôt paraître !).

Pour finir, je dirais juste que je n’étais pas surpris de découvrir à quel point le tout dernier morceau du génie suisse Makala était dingue, produit comme d’habitude par son ami non moins génial, Varnish La Piscine. L’instru a l’air de faire semblant d’avancer dans un sens pour en fait aller dans un autre, et le flow de Big Boy Mak met un point d’honneur à se poser pile là où tous les autres rappeurs n’iraient jamais. Le résultat est pourtant super fluide, comme un truc évident auquel on n’avait jamais pensé avant, en résumé c’est de la magie, quoi. J’ai noté un truc, crucial à mon sens, c’est que le rappeur dit à un moment avoir dans sa jeunesse « dansé le logobi » et vu les moves qu’il sort dans ces clips, ça ne m’étonne pas du tout qu’il ait pu faire partie d’un gang logobi à l’époque où cette subculture adolescente existait encore. Et d’ailleurs, figurez-vous qu’il y a un bout d’une des meilleures vidéos de logobi que je connaisse dans le clip promo-docu de Lala susmentionné, prise dans un couloir de RER à Champigny en 2011. Donc si mes deux rappeurs préférés parlent de ça, moi je suis content, et je peux continuer à vivre en paix, en marge du monde si belliqueux du rap français.

Un commentaire

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