Enfin une bonne nouvelle : la scène chouine-core ne s’est jamais aussi bien portée !

SARA FUEGO Sara Fuego
MIDI Fish, 2018
ACTE BONTÉ Acte Bonté
MIDI Fish, 2020
ANNE LAPLANTINE Élucidé
MIDI Fish, 2019
RADIO HITO Non Solo Sole
MIDI Fish, 2020
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Thibault Gondard (que l’on surnommera plus facilement TG) fait de la musique depuis l’époque où je devais être uniquement en âge de me préoccuper de la dernière sortie du magazine Rock Sound, ou si c’était vraiment cool que je demande à ma mamie de coudre ce patch Pantera sur cette veste militaire délavée (oui, c’était cool), c’est-à-dire il y a un bail maintenant. On ne compte plus les projets du gars (Colombey, TG Gondard, Pizza Noise Mafia, tout récemment Altitude 1000) mais on ne retient pourtant qu’une seule chose : une force et un talent sans pareil pour créer une musique éblouissante de beauté, disque après disque, où la tristesse, la mélancolie, la douleur, l’abandon et toutes ces émotions pour ouin-ouin en puissance qui font mon bonheur chaque jour de cette foutue vie, sont représentées avec une facilité déconcertante, à chaque fois. TG m’apparaît souvent tel cet esthète nonchalant, qui ne cherche absolument pas à l’être d’ailleurs, mais qui pourrait facilement décrocher le tableau d’honneur sans se forcer pour te transpercer le cœur en bonne et due forme. Autre ligne directrice chez ce natif de Coulommiers, l’authenticité pure et l’absence totale de second degré dans l’expression de son art.

Quand il ne crée pas lui-même, il décide de mettre d’autres gens en lumière, des gens qui comme lui renferment en eux le super pouvoir de la suprême pleurnicherie, celle aux ambiances nébuleuses, qui apparaît comme éternelle et pourrait leur être greffée comme un troisième bras. C’est pour cela que Thibault a créé en 2018 un petit label de cassettes qui s’appelle MIDI Fish. C’est ici ce dont il est question, plus que de la musique de Thibault en elle-même, et avec quatre sorties en un peu plus de deux ans, on a déjà senti que TG a su toucher ce qu’il fallait toucher, comme à son habitude, et que le catalogue de MIDI Fish semble clairement réfléchi et établi avec le doux et démoniaque projet de vous tirer les dernières larmes d’une réserve lacrymale surement déjà bien épuisée, en ces temps troublés. Voici donc quatre cassettes, et quatre petites divinités d’une pop électronique principalement basée sur des synthés pouraves et des ambiances d’amour perdu et de puits sans fond de chagrin. Quel beau programme.

Le début se fait donc avec Sara Fuego, jeune Brestoise d’une scène émergente bretonne de petits adultes ayant décidés eux aussi d’avoir leur mot à dire dans ce fatras mélancolique (Chambre, le label BLoc Note, Lorne Kurten, Couverture de survie, etc) et c’était déjà dans le mille. J’avais saigné pas mal de morceaux sur le soundcloud de Sara mais la sortie d’un vrai album était clairement désirée, histoire d’agencer et de valider correctement huit merveilleuses comptines. Tous les morceaux de cette cassette possèdent une lenteur particulière, à la fois vénérables et tellement à-propos dans ces voyages où un bon pochon de 50 keuss serait le bon traitement à diverses peines de cœurs qui vous auraient laissé.e.s sur le bas côté de la route. Chez Sara Fuego, on a souvent l’impression d’être mort mais encore amoureux. Les nappes de synthé où l’on presse trois touches et pas plus et le chant autotuné qui s’évade dans des brouillards tout roses ne feront que renforcer ces sentiments.

Deuxième essai avec une petite marotte pour notre TG, à savoir Anne Laplantine, là aussi dans le milieu du synthé suppliant depuis une paille, maintenant et dont premier disque doit bien avoir plus de vingt ans. Thibault n’a jamais caché qu’Anne produisait sûrement la musique qu’il trouvait la plus juste et que c’était sa petite chouchoute. Et comment lui donner tort à l’écoute d’Élucidé ? Deux faces de 11 minutes chacune où s’ordonnent un goût prononcé du minimalisme parfait et une délicatesse exquise, pour accoucher d’une sorte d’invitation vers une traversée digitale qui ne serait pas sans rappeler le dungeon synth ou les musiques 8-bit. Il restera, néanmoins et comme toujours, difficile de définir la beauté insaisissable des productions de Laplantine, qui à chaque nouveau morceau nous rappelle un peu plus qu’elle a fini le game depuis longtemps, en speedrun et sans cheat codes.

La suite, c’est Acte Bonté, duo féminin qui lui non plus n’est pas en reste pour extraire dans chacune de leurs chansons une belle dose d’affliction à consommer sans modération. La cassette renferme là aussi huit morceaux qui s’échappent allégrement vers des sonorités tantôt asiatiques, tantôt downtempo, alliées à de douces gorgées de Bontempi et de vocoder. En totale maîtrise, les deux filles nous font un joli goutte-à-goutte de tout ce qui se fait de mieux dans la musique électronique lo-fi actuelle, si vous voulez mon avis. C’est sublime. La chanson « Dans le bus » résume plutôt bien le projet, c’est lent et c’est beau à mourir, le chant (et les paroles qu’on imagine être du japonais) offrent un cadre merveilleux à une peinture sonore riche de couleurs mais dont il ne restera, à la fin, presque que du gris.

Et on finit par Radio Hito, projet italien ou du moins italophone, qui touche du doigt le divin et qui impose à tout jamais MIDI Fish et TG comme les maîtres universels des plus sensationnelles productions chouine-core du XXIe siècle. Pari gagnant, tant ce disque se révèle à chaque nouvelle écoute un chef-d’œuvre d’équilibre et de justesse. Comme toujours chez MIDI Fish, c’est rempli de sons traînants, d’ambiances sombres, de vapeurs saisissantes. Mais bizarrement, il ressort aussi de cette sortie quelque chose de beaucoup plus enjoué que sur les précédentes, associé à un agréable sentiment de lâcher prise dans les émotions qu’on traverse. C’est un peu comme se prendre en pleine tronche un rayon de soleil inattendu dans une convalescence amoureuse ou un état de grisaille. Un médicament qui ne laissera jamais un goût amer.

Difficile donc de voir autre chose qu’un sans faute dans cette brève discographie : MIDI Fish semble se mettre en première ligne pour clamer haut et fort que, non, la pop déchirée aux synthés cheapos n’est pas rincée, elle vit encore avec l’authenticité de ses artistes. Elle est si facilement détectable, quand elle ne veut finalement rien dire. Avec Thibault et ses poulains, je n’ai vu que du réel, car ces gens ont bien compris le principe : on écrit toujours mieux les choses quand ont les a réellement vécues.

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