À Marseille, l’archange de la neurotek s’appelle Israfil

Israfil Nous Contre Eux
Air Texture, 2021
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Musique Journal -   À Marseille, l’archange de la neurotek s’appelle Israfil
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Coucou et désolé pour l’absence d’articles la semaine passée. On finalisait entre autres choses le nouveau zine-fascicule Musique Journal consacré aux « Françaises parallèles » – et qui est offert aux abonné.e.s, y compris si vous voulez vous abonner maintenant !

Perso, mon week-end a été chargé – comme celui de beaucoup de gens, de manière assez récurrente, j’imagine ; mais c’est vrai qu’étant plutôt du genre épicurien statique, quand ça me tombe dessus, je me trouve tout chamboulé. Bref, sur la fin de la semaine dernière, j’ai donc participé à deux évènements musicaux bien marathoniens (avec peu de répit entre eux, évidemment), proposant des matières musicales à première vue éloignées, mais dont les réalisations en direct mettaient en exergue une même mise à l’épreuve du corps par le sonore. `

Vendredi soir d’abord : j’enchaîne presque 12 heures de concerts et de dj set – une « petite » fête bien remplie où je joue et donne un coup de main par ailleurs, ce qui a bien amplifié je pense le côté performance perceptive infinie – organisées par l’antenne marseillaise de la radio Lyl. Et le lendemain on y retourne, à juste une rue de différence : Vincent (taulier de l’excellent label Desastre, déjà évoqué ici) invite les copains de France dans les immenses Ateliers Jeanne Barret pour un concert doublé d’un dj set de rap ricain à l’ancienne. France (on rappelle : vielle à roue + basse + batterie, un continuum sans déviation aucune mais paradoxalement gorgé de variations, se déroulant sur un temps long), un trio vu tant de fois que je ne veux / peux même plus compter, qui engendre depuis presque vingt ans une musique d’une radicalité époustouflante, par sa compréhension de l’écoute, de la spatialité et de la répétition qu’elle propose. Et dans cet espace à la résonance gargantuesque mais assez fine, la performance prend encore une nouvelle dimension – j’ai l’impression de dire ça presque à chacun de leurs concerts, mais c’est vrai ! En tout cas merci Jérémie, merci Mathieu, merci Yann, merci Vincent, on a encore bien décollé !

Je reviendrai sur ce groupe tenant une place particulière dans mon cosme musical et social, dont l’ombre plane aussi sur nombre de mes écrits (dans Musique Journal ou le monde universitaire), sur mes productions et façons de faire. Sûrement en discussion avec mon ami Hugo Hyart, mais dans quel contexte, je ne sais pas trop, on verra. Ce qui m’intéresse le plus aujourd’hui, ce n’est pas un concert, mais un dj set : celui, la veille, du bien nommé Israfil (ou Rafaël), membre fondateur du collectif marseillais Metaphore, plutôt bien classé dans la ligue de la fiesta depuis 13 ans, avec Simon « Shlagga » et Vazy Julie. Un truc qui m’a bien retourné physiquement, comme le concert des trois Rhônalpins, mais d’une manière assez différente.

Rafaël, par son humilité et son implication dans une entité maintenant quasi-mythologique – le « Meta », lieu de cette équipe dont l’historique de la prog, qui remonte sur six ans, parle pour elle-même –, possède une aura impressionnante. Sa capacité à taper dur, à mixer avec une dextérité pas usurpée et un esprit très fête libre est elle aussi bien reconnue : une authentique figure de sa ville. Tout ça pour dire que lorsqu’il commence, vers 4 heures du matin, à mettre le Funktion One en fusion (pêle-mêle : hardcore, tribe, speed techno et dérivés), je me retrouve littéralement collé sur place. Ce ne sont pas des musiques que je vais écouter tous les jours, même quasi jamais, et je ne suis pas très au fait de leur actualité. Mais dans cette salle des fêtes excentrée, au milieu de la nuit, c’est l’évidence. Les corps sont forcément engagés, ne peuvent rester vierges ; pour preuve, je suis alors assis sur une chaise, cependant captivé. C’est la teuf, mais la teuf pour de vrai, celle qui implique, transforme celui qui la vit. Un peu la même chose qu’avec Nation de la Boue sorti sur Editions Gravats, ce grand disque (dont Étienne a déjà parlé) transcendant sa propre marginalité.

Bon cet article est un peu tronqué, et c’est dommage parce que le si gentil « Rafa » et sa musique demandent bien plus qu’un survol ; il faut donner la parole, faire exégèse. Là aussi, je vais fignoler un bidule dans pas trop longtemps sur Musique Journal ; mais pour ça, il faut laisser décanter ces expériences nocturnes, prendre le temps. En attendant, je vous conseille de vous rendre sur le SoundCloud d’Israfil, bourrés de mixes très très très intenso ou d’écouter « Nous Contre Eux », morceau « de bravoure rêche où un skank bien mental passe la tête une fois ou deux, présent sur la compile Place : France sortie par le label Air Texture.

Voilà, je retourne me mettre en chargement, mais on se retrouve assurément plus tard dans la semaine et on se tient au courant, d’ac ?

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