Quelques trucs découverts sur Mastodon, un sacré coin à champignons musicaux

Musique Journal -   Quelques trucs découverts sur Mastodon, un sacré coin à champignons musicaux
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Chèr·es toustes, il s’est passé quelque chose d’absolument incroyable : je suis à présent père ! Je quitte à peine la maternité alors que je commence cet article, empli d’émotions, fier et fou de ma fille. Du coup j’ai la tête ailleurs et toujours un truc à faire, et vais donc faire dans la concision, vous m’excuserez. De deux choses l’une : déjà, je peux dire « musique de jeunes » de manière tout à fait légitime et sérieuse, maintenant ; ensuite, je peux vous parler de Mastodon. Alors on ne va pas s’attarder sur mes expressions un peu ringardes même s’il y a de fortes chances qu’elles émaillent ce texte, mais je vous enjoins à rester pour la suite !

Sorte de Twitter décentralisé où la personne la plus réactionnaire que vous pourrez rencontrer est un·e membre encarté·e du PS, Mastodon est un assemblage de serveurs communautaires peuplé d’aficionados du logiciel libre, de mycologues et de cyclistes militant·es ; où musiquant·es d’envergures et d’horizons divers, souvent fans d’ordinateurs, papotent dans le respect et la bonne ambiance. Par contre je préfère prévenir, tant de bienveillance online quand on a pas l’habitude, ça peut un peu désorienter ! Perso, ce coin ombragé du fédiverse m’a un peu sauvé lors de mon départ d’Instagram, à la fin 2023, et je n’étais pas le seul ; puis l’usage parcellaire s’est fait de plus en plus assidu, et nous avons été de plus en plus nombreux·ses – toutes proportions gardées, hein. C’était un espoir : enfin, la possibilité d’un réseau social mesuré, collaboratif et investi.

Sur Mastodon, il n’y a pas trop de monde, pas de contenus rémunérés et sponsorisés, pas d’algorithme, pas d’IA, et la tendance au doomscrollage jusqu’à plus soif s’en trouve fortement amoindrie : cela s’explique aussi par la config de la plateforme, plutôt centré sur le texte (mentionnons au passage l’existence de pixelfed, une plateforme affiliée à Mastodon et plus proche d’Instagram). On s’entraide, on demande, on essaye et surtout on va chercher ! Il y a un vrai manque, quand le gavage s’arrête et que la sensation de masse et de submersion disparaissent, mais celui-ci ne dure pas bien longtemps. Et une fois quitté le continuum saturant où les monceaux d’artistes, de sons, d’images, d’historiographie, d’évènements, d’éruditions réelles ou contrefaites ne font même plus sens, il faut être bien motivé·e pour y revenir.

Comme toutes les plateformes dont je fus usager, d’Instagram à YouTube en passant par Bandcamp, Mastodon entraîne sa propre façon de « consommer du contenu ». Là, on peut suivre des comptes (comme celui de Musique Journal, par exemple, wink wink) plus ou moins spécialisés, sur à peu près tout et n’importe quoi. Mais à la différence des autres plateformes, c’est la rareté des ressources et l’implication des acteur·ices qui donnent la valeur ici, ce que je trouve vraiment beau. Ainsi, en bon papou prosélyte militant pour un web plus responsable et inclusif, me voici donc sur le point de vous partager trois quatre trouvailles faites sur Masto, qui n’y sont pas exclusives et je m’en fous, je suis libre et heureux, je vais de ce pas m’acheter un ordinateur avec Linux, ma mutation est achevée, vous êtes prévenu·es !

AGF / poemproducer

Antye Greie-Ripatti, aka AGF donc, est une des premières personnes que j’ai suivies sur Mastodon. Cette musicienne née en Allemagne de l’Est est assez représentative de ce réseau pour moi, à savoir une façon assez naturelle de parler de ce monde qui l’affecte, et donc de politique et de musique, de demander des conseils, de donner son avis. Oui, comme sur Twitter, mais sans la vibe passive-aggressive. Je ne connaissais pas du tout cette musicienne ni son travail, qui a quand même sorti pas mal d’albums vraiment stylés, toute seule ou en collab – avec Vladislav Delay, son mari, ou au sein du girl band de pointures The Lappetites. Ces derniers temps, je me suis trouvé happé par Kopflastig, une œuvre sortie en 1997 par LAUB, son duo avec Juergen Kuehn : c’est encore une fois fascinant, super dans son époque tout en jouant avec les codes de celle-ci comme si on la bidouillait de l’extérieur. Cette anticipation donne le vertige, j’ai l’impression que ça aurait pu sortir cette année et en fait non, je me trouve sur le cul à chaque écoute (un peu comme avec Before the Libretto, l’unique album des Lappetites). C’est bien foutu, sexy, fin et accrocheur, c’est en allemand, y a de la guitare, les morceaux sont longs, il y en a onze, je ne vous en dis pas plus, foncez.

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En voilà, un agenda décentralisé et participatif qui, encore une fois, visent à l’autonomisation des participant·es ! Et pour les nostalgiques du post, il y a aussi cool teuf, qui porte très bien son nom.

Subvert

Subvert se présente comme une alternative sérieuse à Bandcamp. Sans vouloir se faire faussement alternos (pas trop), le projet a le mérite de penser la plateforme d’écoute comme une coopérative dont les acteur·ices, et non les actionnaires, décident du sort (voilà qu’encore une fois les Américains me volent une idée : ne parlez pas devant votre téléphone !) Subvert commence à frémir vraiment fort, perso j’y crois, ça me donne de l’espoir parce que je pense comme elleux que l’avenir du net passe aussi par la forme de la coopérative. Je me dis que je ne suis pas le seul intéressé par de nouvelles façons d’écouter et de partager la musique, et Subvert me semble être une piste pas mal intéressante, tout comme faircamp, d’ailleurs.

gggdol

La page Mastodon de cet occasionnel et mystérieux contributeur à MJ est devenue une de mes sources premières d’érudition musicale. Je vous conseille, personnellement d’en faire de même : je ne connais presque jamais rien, le gars tient une veille démentielle et creuse son propre trou de verre, qui semble n’avoir ni début ni fin, notamment à travers Bandcamp mais pas que. On est beaucoup sur de l’expé (mais pas seulement), j’y comprends souvent pas granche et c’est toujours passionnant ! Par l’entremise de ce passeur de savoirs un tantinet emporté, j’ai par exemple fait la connaissance de ce projet guitare/voix chicagolais datant du début du millénaire que l’on peut qualifier sans exagérer d’éthéré, cette récente compile consacrée à la pratique chinoise du feedback, de Sun Ra qui joue du Gershwin ou de ce truc qui va sûrement faire exploser ou imploser mon cher Mathias Kulpinski.

Il y a plein d’autres gens bien bien bien, sur Mastodon. Là je pense à jano par exemple (super zikos, d’ailleurs), qui a lâché un thread vraiment cool sur ses découvertes d’outre-Manche où j’ai notamment pu écouter le producteur jon e cash ; à Guy Birkin aussi. Des jeunes drôles et à l’aise dans leurss crocs qui prennent soin et partagent, des moins jeunes tout aussi cool, des inconnu·es et des pros. Des labels aussi. Je vais pas moi-même faire l’algo par contre, alors on se lance et on se prend en main svp.

Ça y est, ce premier article de papou, plein de liens et tout enjoué, touche à sa fin ! J’espère vous avoir donné envie, sincèrement, et voir affluer les âmes prêtes à s’absoudre et renaître dans le fédiverse. Parce que oui, Mastodon, c’est moins de tumulte et d’emballement sur les j’aime, mais on a aussi la nette impression de revenir au réel, ne serait-ce qu’un peu. Pour utiliser une comparaison de gros bobo, c’est comme commencer à faire ses courses à la coopé du coin après une vie passée dans les allées de Carrouf : on se sent mieux et on ne se fait pas évider financièrement, on apprend des choses. Après je ne vais pas vous vendre l’Olympe, le monde reste merdeux et c’est pas en postant des articles de Mediapart que ça va changer, mais il faut bien survivre !


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