L’heure du Yacht-Goth est enfin venue [1/2]

OFFICER! "Nothing On"
2017
ROBERT RENTAL "Untitled (J.D. Twitch edit)"
Dark Entries, 1978
NINA HARKER "L'affreuse"
Le Syndicat des Scorpions, 2020
YL HOOI "W/O Love"
Altered States Tapes, 2020
Rupert "Soul Brothers"
Strangelove, 1981
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Musique Journal -   L’heure du Yacht-Goth est enfin venue [1/2]
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Yacht-Goth : ça veut dire quoi au juste ? Pas grand-chose. C’est principalement un terme destiné à vous donner du grain à moudre dans les commentaires Facebook, parce que je sais que vous adorez râler et vous plaindre de ces cons de journalistes. Je ne suis pas sur Facebook, en plus, je m’en fous. J’y ai toutefois mes petits espions, et je sais qu’Étienne m’y a il y a quelques temps surnommé le « petit ange des ténèbres » (ou un truc à l’avenant), du coup, je n’ai pas voulu le décevoir en choisissant un sujet qui colle pour cet été. Et puis, on peut être sensible à une esthétique sombre, tout en appréciant de siroter, les pieds dans l’eau et les cheveux au vent, une margarita exécutée avec professionnalisme, pas vrai ? Vous avez l’eau, vous avez le vent, vous avez la margarita ? Musique Journal vous propose donc une BO à la fois supérieurement emo et positivement chillax pour traverser un été 2020 que l’on qualifiera pudiquement de “différent”. Prêt ? Mask on.

Officer! – « Nothing On »

À l’occasion, il y a quelques semaines de cela, du décès de l’acteur et réalisateur américain Carl Reiner (Dead Men Don’t Wear Plaid, Man with Two Brains, The Jerk, entre autres) resurgissait un peu partout un élégant portrait en noir et blanc de celui-ci, signé Robert Trachtenberg, sur lequel il enlace tendrement Mel Brooks, son complice de toujours. À ma grande surprise, l’annonce de sa mort et cette photo m’ont profondément ému, probablement plus que de raison ; peut-être parce que je réalisais soudain, d’une part, l’importance qu’ont eue ces deux hommes, de manière plus ou moins consciente, sur ma vision du monde et combien résonnaient en moi, d’autre part, les amitiés créatives au long cours. Celle qu’ont nourrie Mick Hobbs, cerveau de l’excentrique formation britannique Officer!, et le regretté Gareth Williams – ex-membre de This Heat, décédé en 2001, qui a gravé aux côtés de son amie Mary Currie quelques-uns des plus beaux morceaux des années 1980 rassemblés sur l’album Flaming Tunes –, me touche énormément, même si rares en sont les traces discographiques. Au tout début de l’été, toutefois, Officer! a posté sur Bandcamp la reprise, humble et moirée, en forme d’hommage à l’ami disparu, d’un morceau de Williams qui ne figure pas en tout cas sur Flaming Tunes. Chantée ici par Mary Currie, “Nothing On” est l’une de ces pop songs inoubliables, touchées par la grâce, à la mélodie limpide et au message simple qu’il est impossible de ne pas chérir pour l’éternité. Je l’écoute tous les jours depuis sa mise en ligne et, sincèrement, je crois que ça m’aide beaucoup à traverser le marécage puant de notre époque, en esquivant, si ce n’est avec aisance du moins avec style, les maousses moustiques et les alligators affamés qui la peuplent. Je ne saurais trop vous conseiller également de jeter un œil à la vidéo posthume du fabuleux morceau original, dans laquelle Williams mime, dans un langage de signes connu de lui seul – et pourtant étrangement compréhensible de tous – le refrain de la chanson. Bouleversant. Bref, pour résumer et citer la Currie : « “Nothing On” celebrates the love of making music above all else. »

Robert Rental – « Untitled (J.D. Twitch edit) »

Un bonheur mité à l’anxiété n’arrivant jamais seul, les labels Dark Entries et Optimo ont eu la bonne idée de collaborer sur la réédition du tout premier single de la légende Robert Rental, lui aussi décédé (mais en 2000), collaborateur de Thomas Leer et de Daniel “Mute” Miller, et architecte au tournant des années 1970 et 1980 de quelques inoubliables miniatures synth pop et autres expérimentations plus bruitistes. Les deux labels ont surtout pensé à y adjoindre un trio d’inédits, dont ce joyau « untitled », à l’origine simple esquisse d’à peine une grosse minute, que Keith McIvor a.k.a JD Twitch, moitié d’Optimo, a édité avec le talent qu’on lui connaît pour obtenir quatre minutes d’une comptine métallique, chant d’amour titubant, comme sonné sous l’avalanche de coups distribués par la vie, mais parfaitement obsédant. Un classique instantané, si vous me demandez mon avis, pas si éloigné du meilleur Arthur Russell.

Nina Harker – « L’affreuse »

Étienne revenait ici même il y a quelques jours sur le cas du troisième album de Rita Mitsouko. Nina Harker, jeune groupe nantais auquel on souhaite sans trop y croire la même reconnaissance, possède avec les Rita au moins deux points communs : les deux formations sont des duos, et leur nom induit régulièrement les gens en erreur (il doit d’ailleurs probablement encore subsister en France des gens pour penser que Rita Mitsouko = Catherine Ringer). Et peut-être un troisième, ce talent pour plier la pop, fédératrice par essence, à sa propre singularité, en n’hésitant pas, parfois, à lui faire subir les pires outrages. Découverts avec un premier 45 tours devenu culte, première référence du Syndicat des Scorpions en 2016, Nina Harker a déjà offert au monde une cassette à la beauté inquiétante il y a deux ans, avant de sortir, toujours sur le label messin, son premier véritable album en mai dernier. L’éponyme Nina Harker est déjà un des grands disques de l’année, blindé de tubes déviants. Pour notre croisière sur le Styx, nous conserverons le plus évident d’entre eux, “L’Affreuse”. Chanté dans un japonais qu’on imagine phonétique, soutenu par des injonctions lancées par une voix d’outre-tombe auxquelles répond un chœur formé par les jumelles de Shining, porté par des nappes d’après le banquet, souillées de taches de pinard, et une guitare surf asthmatique, “L’Affreuse” vous procurera le même sentiment de fraîcheur que lorsque vous pénétrez dans une cave au sol poussiéreux et aux murs suintants, couverts de moisissures suspectes.

YL Hooi – « W/O Love »

Si ce nom ne vous est pas familier, sachez que vous avez peut-être déjà croisé YL (pour Ying-Li) Hooi sur l’une des productions du ténébreux Australien Tarquin Manek (aux commandes, entre autres, de F Ingers et de Kallista Kult, qui d’ailleurs prête ici main forte). Sorti sur le très recommandable label Altered States Tapes fin 2019, l’album de Ying-Li a tout du grower, ces disques qui ne sauraient révéler leurs charmes qu’au fil d’écoutes répétées, jusqu’à vous devenir de fidèles et indispensables compagnons. Fans de post-punk, de dub, de Sade et de mélancolie du bout du monde, ce petit carreau embué derrière lequel se devine un monde meilleur devrait vous faire tout l’été. Une persistante rumeur voudrait d’ailleurs qu’Efficient Space offre d’ici peu une plus grande visibilité au petit coffre aux trésors dark et dubby qu’est le premier album de YL Hooi.

Rupert – « Soul Brothers »

Et puisque nous sommes en Australie, fonçons donc toutes voiles dehors vers les verts et voisins rivages néo-zélandais. Nous avons commencé par une histoire d’amitié, il semble donc pertinent d’en achever la première partie sur une note similaire. L’indispensable compilation Kiwi Animals: Future/Primitive Aotearoa 82-91, sortie en mai dernier sur Strangelove Music, se propose de remettre en lumière quelques héros oubliés de la pop kiwi chelou. Hyper satisfaisante et passionnante à bien des égards, la sélection enfile les perles méconnues avec légèreté et érudition. C’est toutefois, pour moi, ce “Soul Brothers” lumineux mais miné qui emporte la mise. Je ne sais rien de Rupert, son auteur, qui n’a si l’on en croit Discogs rien fait d’autre, si ce n’est qu’il me procure une joie pure à 97 % avec cette pop song qui évoque, étrangement, le meilleur des Housemartins des débuts, une formation britannique à laquelle, je l’avoue, je pense pourtant assez rarement. À bientôt pour la deuxième partie !

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