Avant d’aller passer les fêtes, venez donc découvrir les tops 2024 de Musique Journal !

Musique Journal -   Avant d’aller passer les fêtes, venez donc découvrir les tops 2024 de Musique Journal !
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Les tops, c’est top, disait-on naguère. Les tops ? Au top ! dit-on plus actuellement. Les bilans de fin d’année continuent de plaire à tout le monde même à ceux qui font style de ne pas les regarder (oui à ceux, pas à celleux). Ils sont toujours utiles voire salutaires et on y découvre chaque fois plein de choses, si bien que le top de l’année qu’on finit par élaborer avant Noël est souvent juste un top de ce qu’on s’est dépêché d’écouter en décembre en lisant les récaps de nos médias et de nos gens préférés et qu’on se demande bien ce qu’on avait fabriqué durant les onze mois précédents, à part ne pas préparer son top de fin d’année.

Les tops de nos contributeurs ressemblent plutôt pas mal à Musique Journal : on ne s’est pas donné de règles trop contraignantes, il y en a qui ont commenté leurs choix, d’autres non, certain·e·s n’ont pas parlé que de musique, ou pas que de nouveautés, quelques-uns ont eu la gentillesse de hyperlinker leurs lauréats, là où la plupart d’entre nous avons eu la flemme.

Le principe de charte orthotypo s’est trouvé une fois de plus malmené, voire bafoué. Mais c’est Noël alors on s’en fiche de l’interlignage, des guillemets français et des espaces fines, et on vous fait partager à notre tour nos passions de l’année qui se termine, dans un moment de communion digitale qui mine de rien est devenue une belle tradition depuis l’avènement de nos chers RS – car oui Musique Journal est un réseau social, que vous le vouliez ou non.

Merci de l’attention que vous aurez bien voulu accorder à ces longues, copieuses et enrichissantes listes, et très très bonne fin d’année à toustes ! Puis au cas où ce ne serait pas déjà fait : abonnez-vous si ça vous chante, ça nous fera très plaisir, merciiiii 🙂

LAURA COURTY

Obvious” de Oklou. Rien ne m’a fait un effet tel cette année. La mélodie, la délicatesse du phrasé, les gouttes de notes qui se répandent dans l’air, les images évocatrices des paroles, la petitesse du tout. Le clip, aussi, et ses danses rigoureusement abstraites, le décor de ce salon, The Plague Dogs diffusé sur la télé, les couleurs bleutées. À peu près tout ce qui entoure la sortie de l’album en fait, comme cette photo où elle arbore un t-shirt à l’effigie d’Apparences, ce film de gaslighting de Zemeckis, génialement halluciné, qui semble se passer entièrement sous l’eau.

Ce film, Apparences, est discuté longuement par Hélène Frappat dans son livre extraordinaire sorti l’année dernière et qui, depuis le mois de septembre, anime mensuellement au MK2 Beaubourg le ciné-club le plus stimulant auquel il m’a été donné d’assister. Voici un enregistrement de la première soirée, consacrée à un chef-d’œuvre de George Cukor qui s’appelle justement Gaslight

Tous les moments passés à écouter “Kongolese sous BBL” de Theodora avec mes ami.e.s en soirée et, plus largement, tous les morceaux découverts grâce à elleux que je finis par apprécier du fait de voir la joie sur leurs visages et de les réentendre tout le temps en leur compagnie.

Le morceau “The Weave” d’A.G Cook écouté en boucle lors d’une journée passée seule à marcher dans les rues de Bâle. Morceau qui m’évoque l’OST d’un jeu à la Harvest Moon (“jeu vidéo de simulation de vie dans une ferme”), Bâle étant aussi, d’une manière ou d’une autre, une sorte de décor de “simulation de vie”.

La sortie en bonne et due forme du morceau “Elastic Band” de Joker sur son label Kapsize. Je ne sais jamais ce que je pense de sa musique qui a un effet toujours immédiat sur moi sans que je ne puisse m’empêcher de la trouver complètement ringarde. Ici, ça fait pas exception surtout que ça sample le son de chargement d’une application que plus personne n’utilise : Skype.

Tout s’arrange à la fin” d’Alain Chamfort dont je n’avais jamais écouté la musique jusqu’alors. Morceau découvert au détour d’une émission déjà oubliée sur France Inter. Après ça, je l’ai écouté un peu tous les jours sur mon trajet pour aller au travail au mois d’août, histoire de me donner du courage. Il y quelque chose d’un peu indescriptible dans les paroles et leur ton, quelque chose d’une “bonne humeur au caractère délibérément forcé” comme posé justement dans les commentaires, qui me séduit beaucoup. 

La suite harmonique du refrain de “Imperfect For You” d’Ariana Grande qui m’a fait m’arrêter dans la rue la première fois que j’ai écouté l’album tant elle m’a surprise.

Mondo Duplantis qui bat pour la troisième fois dans l’année son propre record du monde de saut à la perche. Beauté d’un corps qui se livre volontairement aux cieux, c’est du sport certes, mais c’est résolument musical.

Au cinéma : la discussion sur le plagiat musical dans Heretic ; le concert de Lady Raven, la fille de Shyamalan dans Trap ; la séquence au festival des Nuits Sonores dans Le Roman de Jim ; celle de Eat The Night construite autour de “Everlasting” (la meilleure chanson de Oklou et Casey MQ) ; “Salut à toi” des Bérurier noir dans une scène inouïe de À son image ; entendre l’OST d’À bout de souffle — le premier son extra-diégétique dans un film par ailleurs très bruyant — à la toute fin du plan séquence d’1h30 qu’est Breathless de James Benning ; les chansons du remake de Mean Girls mais surtout celles des Reines du Drame ; la mélodie de Michel Legrand qui accompagne les pics émotionnels de May December, écrite pour The Go-Between de Losey il y a plus de cinquante ans – et plus globalement, la musique originale d’un film, décontextualisée des images auxquelles elle a été accolée, un exemple plus ancien : le thème de Barocco de Téchiné composé par Philippe Sarde réutilisé, l’air de rien, deux ans plus tard en 1978, dans le fabuleux Passe-Montagne de Jean-François Stévenin.

Ne pas me forcer à “suivre” de près “l’actualité” musicale en écoutant des nouveautés tous les vendredis. Désinstaller Spotify. Écouter de la musique avec plus de distance, il y a d’autres choses plus importantes.  

LOÏC PONCEAU

chanson de l’année : Zequin – « Bora Bora »  (Colors)

thème de l’annéeTurner Williams Jr. – « tournesol » (ensoleillée, pylône éditions)

meilleur album pour se préparer à ce qui vient : Oishi – Interdidal Zone (Research Laboratories)

meilleure description de 2025 depuis 2005 (super musique, btw) : Les Saignantes de Jean-Pierre Bekolo

meilleur album pour se préparer un rooibos chaï : Carman Moore – Soul Musings (Reading Group)

meilleure BO alternative d’Animal Crossing :  BICCO BEAT – BICCO BEAT (Biome Tapes)

meilleurs collages en duo : Tzii & Puits de Venin – De la Bouche à l’Abysse (La République des Granges)

performance étasunienne de l’année : Deep Gnome au Texas Dungeon Siege, 4 mai 2024

meilleure performance de tous les temps : Bernie Worrell & Bootsie Collins – « Let Me Ride (Mothership Connection) / Cosmic Slop»

meilleure musique pour détruire le concept même de nature : Diane Barbé – musiques tourbes (forms of minutiae)

meilleure série télévisée historique pour comprendre, a posteriori, la pensée impérialiste étasunienne aux alentours de la seconde guerre du Golfe : Stargate SG-1 (les 10 saisons)

meilleur condamné, sans appel possible (le bracelet ! les menottes !) : Nicolas Sarkozy.

HERVÉ LONCAN

Sam Morton – “Cry Without End (Equiknoxx Remix, part 1)” (XL Recordings)

Dennis Bovell – Sufferer Sounds (Disciples)

Milan W. – Leave Another Day (Stroom)

The Crying Nudes – The Crying Nudes + singles (WORLD MUSIC)

Soundtracks & Head – “Rain Rain Rain” (Glass Modern)

DJ Sundae – Ultimate Breaks (Perks and Mini)

Rat Heart – You Can See Alex Park From Ere / Picky Eater (Shotta Tapes / Modern Love) 

Holy Tongue meets Shackleton – The Tumbling Psychic Joy of Now (AD 93)

The Lewers – 518A (Lulus Sonic Disc Club)

Heaven – “Down By The Ocean” (Now Again)

Noda & Wolfers – Evil Fades in Echo (Nightwind Records)

Fiesta en el Vacio & helen island – “Tu Doncella” (triggermoral)

Speakers Corner Quartet – Mr Loverman (Original Score) (OTIH)

Jessica Pratt – Here in the Pitch (City Slang)

Marie-Ange Cousin – “Molle Ouatte” (Les Éditions Vermillon)

VA – Someone Like Me (Efficient Space)

D. A. Pennebaker – Original Cast Album: Company (1970)

CAMILLE KINGUÉ

Top 5 cinéma

Miséricorde, Alain Guiraudie

In Water, Hongsang Soo

Bushman, David Schickele (sortie en 1971, reprise au cinéma en avril 2024)

Efforts Of Nature, Morgan Quaintance (projection Rencontres Paris-Berlin, novembre 2024)

Bounded Intimacy, Ayanna Dozier

Top 5 expositions

« Particules de nuit / Night Particles », Apichatpong Weerasethakul, Atelier Brancusi (Paris) 

« GUMBO », Tomoo Gokita, ICA Milano (Milan)

« For My Best Family », Meriem Bennani, Fondazione Prada (Milan)

« Soft Skills », Mohamad Abdouni, Lafayette Anticipations (Paris)

« Ténèbres et lumières », Ribera, Petit Palais (Paris)

Top 5 musique

« 2024 », Playboi Carti

« Backr0oms », Playboi Carti feat. Travis Scott

« Homie Don’t Shake », Fcukers

« Dawawer V2 », Lil Asaf

Emahoy Tsege Mariam Gebru played by Maya Dunietz & String Ensemble

Top 5 livres

Figures du fou, du Moyen Âge aux romantiques, Gallimard/Musée du Louvre
(catalogue d’exposition)

Oeuvre écrite et parlée, Chantal Akerman, L’Arachnéen

Who Are You, Dorothy Dean?, éditions 1989

Johnny, est-ce que tu m’aimerais si j’avais une plus grosse bite ?, Brontez Purnell, Rotolux Press

Crache dans ma bouche puis dans mon autre bouche, Star Finch, Les Petits Matins

GUILLAUME HEUGUET (AUDIMAT ÉDITIONS)

Top 25 albums

Astrid Sonne – Great Doubt
Blood of Aza – Exhibit (A) / I heard your calls
Body Meπa – Prayer In Dub
Chris Cohen – Paint A Room
CHBB – CHBB (réédition)
Guilhem All – Tourne Disque
Grumped – Wolfy
Klein – Marked
Mabe Fratti – Sentir que no sabes
Mach-Hommy – #RICHAXXHAITIAN
Mélodie Blaison – Avant le rivage
Mk.gee – Two Star & the Dream Police
Maral – Edits 2014 – 2019
Moin – You Never End
Mica Levi – Slob Air
Nidia & Valentina – Estradas
Roc Marciano – Marciology
Sladazj – Ship of Nails and Skin
Somaticae – An elephant in the room
Tierra Whack – World Wide Whack
Total Blue – Total Blue
Vegyn – The Road To Hell Is Paved With Good Intentions
Various Artists – Virtual Dreams II
Various Artists – Lost Paradise: Blissed Out Breakbeat Hardcore 1991​-​94
Verraco – Breathe… Godspeed


Top 20 morceaux

Asinine – Deux ailes en cire
Bad Gyal – Perdio Este Culo
Billie Ellish – Birds of Feather
Casey Mq – Grey Gardens
Coined – Your House ft Astrid Sonne
Deto Black – D Ride ft Sadboi
DJ Quick – Code 97
Jolagreen23 – 4Bulldog
La Fève – Clairement
Nathy Peluso – Aprende A Amar (Tayhana remix)
Midwife – Vanessa
Six Sex – Sex Dealer
Theodora – Kongolese sous BBL
Quiet Husband – Subutex
Skeng – Dreams to reality / Deesse
Tinashe – Nasty
Grive – The Loop
Thouxanbanfauni – LOVE ÐRŲĠŞ W/ EVA SHAW
Valee – Why Not

Top 10 films

Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham and Rachel Szor – No Other Land
Guillaume Cailleau & Ben Russell – Direct Action
Mati Diop – Dahomey
Thierry De Peretti – A son image
Luca Guadagnino – Challengers
Jeremy Saulnier – Rebel Ridge
Ridrigo Moreno – Los Delincuentes
Zhou Tao – The Periphery of the base
Ekiem Barbier, Guilhem Causse & Quentin L’helgoualc’h – Knit’s Island
Ben Mullinkosson – Last Year of Darkness


Top 11 livres

Alberto Toscano – Late Fascism
Robert Chapman – Empire of Normality
Brent Hayes Edwards – Pratique de la diaspora
Les Soulèvements de la Terre – Premières secousses
Olivier Minot – A bas l’État les flics et les fachos
Sophie Lewis – Pour en finir avec la famille
Anna D’Souza – Imperfect solidarities
Endnotes – Histoire de la séparation
Mark Fisher – Par-delà étranger et familier

Jim Donaghey – Bakounine Vodka

NICOLAS GOLGOROTH

Moin – You Never End

Barry Archie Johnson – Fortune’s Mirror

Detente – Ghosts

Megabasse – Au Royaume de Pacheco & Discorde

Chanel Beads – Your Day Will Come

Gyeongsu & June – All to None

The Crying Nudes – s/t

Fine – Rocky Top Ballads

Milan W. – Leave Another Day

Or Sobre Blau – Piri Piri Samplers + O Terço Dos Homen

Mentions : HLM38 (HLM38), Félicette (EP 1), Jawnino (40), Userband (Looking For A Band), Bassvictim (Basspunk), Chareth Cutestory (What Did I Miss), Pablo’s Eye (The Light Was Sharp, Our Eyes Were Open), John T. Gast (Live au Salon des Amateurs, 12 janvier 2024), helen island (last liass), Croche (Songs of the Red Dragon).

Quelques recommandations de ma cuvée 2024, un cépage au goût de cendre (à quelques exceptions près), millésime de la zone grise et des chansons qui donnent envie de se flinguer. Une liste d’essentiels pour les plus sinistrés d’entre nous, celles et ceux qui arrivent à encore percevoir finement que la beauté d’un disque peut encore nous alléger du torrent de merde qui nous ensevelit tous peu à peu. Des œuvres salvatrices, donc, comme celle de Moin, que je ne serais pas le seul à encenser. Plus direct et minimaliste, débarrassée des recoins expérimentaux et futiles des précédents, l’ensemble résonne désormais comme un bouleversement. Tous les morceaux distillent ce brouillard mélancolique aux accents dub et grunge qui semblent spécifier constamment la musique anglaise désormais. Un chef d’œuvre qui nourrira abondamment votre cyclothymie. La découverte du Barry Archie Johnson fût tardive mais inespéré. Il s’associe prodigieusement aux deux disques de Megabasse, à vrai dire, des œuvres de gratteux sensibles, redéfinissant avec modestie une folk brumeuse et cryptique. C’est sensationnel. Sans chauvinisme latent, soyons objectif pour reconnaitre aussi la qualité du dernier Detente, sortie CD-R aux contours ouaté d’un shoegaze moderne et rêveur, hanté par les figures les plus sensibles de l’ambiant. C’est Gigi Masin à l’intersection des plus beaux disques de Slowdive ou des Pale Saints. Mon année a aussi été marqué par Fine, chanteuse de The Crying Nudes, tant en solo qu’en groupe, double sibyllin d’une Hope Sandoval made in 2024. Tout ce qu’elle touche ou marque de sa voix semble déterminer à vous atomiser le cœur. Un mot aussi sur le Chanel Beads, qui m’a vraiment accompagné sur un mood plus jovial et entêtant (quand même !). Je pense avoir écouter 200 fois l’enchainement de « Police Scanner » sur « Embarrassed Dog ». Une petite douceur toute humble, lumineuse et créatrice, parfait équilibre d’une pop chelou mais accessible. Finissons sur deux sorties Stroom, duquel je ne suis plus avec assiduité le catalogue mais dont la longévité et le rang forcent le respect. Deux disques romantiques et mystérieux, à la beauté cristalline, se répondant bizarrement, le premier plongeant dans les affres de la rupture et de l’abandon, l’autre dans la fusion et la dualité.

JULIEN BESSE

Niagara « Pendant que les champs brûlent »

New Order « Temptation »

Tara Clerkin Trio « Marble Walls »

Burial « Shadow Paradise »

Curtis Mayfield « Make Me Believe in You »

Flore Laurentienne « Petit Piano »

François Tusques & Intercommunal Free Dance Music Orchestra « Le Musichien »

Lee Perry and The Upsetters « Run For Cover »

Wire « Ex-Lion Tamer »

Life Without Buildings « Liberty Feelup »

Jimmy Riley « I Man Stand Still/Standstill Dub »

The Necks « Sex »

The Stooges « Open Up and Bleed » (Heavy Liquid version)

S.H.I.T. « Information »

Michael Rother « Zeni »

Circle « Havuportti »

BENJAMIN LECLERC

EP – LP

Chanel Beads – Your Day Will Come

TH – E-Trap

Still House Plants – If I Don’t Make It, I Love You

La Feve – BIGLAF

Jawnino – 40

More Eaze – Lacuna and Parlor

Mabe Fratti – Sentir que no sabes

Dawuna – Naya

bassvictim – basspunk

R0y – Journée Verte

Tracks

Green Montana – bank

Ulla & Ultrafrog – Double Carmen

Fcukers – Bon Bon

Party Escort Bot – I was On The Phone

Hassan Abou Alam – 3asabi

Fine – Days Incomplete

TH – ADN

Shay, Gazo – A L’envers

Dany Dior – Favorite Lady

Oldpee – Sorry (ft Hamza, Guy2bezbar)

Concerts

TH, la Maroquinerie, Paris

Omerta, La Dynamo, Pantin

Chuiquimamani Condori, FGO Barbara, Paris

Kalil Flanagan, La Pointe Lafayette, Paris

Clarissa Connelly, Vortex Jazz Club

ADRIEN ORDONNEAU

Loopsel – Öga för Öga / Eye for an Eye

0ZERO0SILENCE0 – Recovered Fragment

Samuel Organ – A safe place in cyberspace

Phileas or – « AC130 »

Eau Turquoise, dallo sguardo nasce il fermito

Dorothy Carter – Wailee Wailee

Connan Mockasin – Forever Dolphin Love

Oto Ninski – U CANNOT KILL TIME

Laurel Halo – Atlas

Aelk Minsur – Who do you love

MATHIAS KULPINSKI

NEWS

Elisabeth Leonskaja, Berg, Schoenberg, Webern, Piano Works – Warner

Quand l’école russe apporte toute sa puissance dexpression aux pièces de piano viennoises arides des années 1920, on frôle le sublime.

Astrid Sonne, Great Doubt – Escho

Intimiste, symphonique et un peu cucul, le meilleur disque pour les relations naissantes en 2024.

TH, E-TRAP – NOVICELAND

«Allez, hop touché coulé» : ça fait tout simplement des années que je navais pas écouté un disque de rap français à plusieurs reprises.

V.A, No Pare, Sigue Sigue 2&3 – TraTraTrax  

La techno en 2024 c’est par là. Mention spéciale à Maoupa Mazzochetti qui a transformé le dancefloor du festival Guyenne en hétérotopie non binaire mi-pirate-des-caraïbes mi-desigual : c’était mon climax esthétique de l’année.

Little Simz, Drop 7 – Forever Living Originals

Certes c’est presque un disque Radio Nova, mais le blend grime et club est simplement irrésistible. «Fever» fait marcher bfunk et prod grime froide et minimaliste, je suis en trance. 

Ruth Goller, Skyllumina – International Anthem

Recherches harmoniques à la limite de l’effondrement, mais attention, c’est un peu jazzy et prétentieux, on a l’impression de choisir un top olé olé, mais de pas tout à fait assumer. J’aime encore mieux son premier disque dans cette veine, réédité aussi par International Anthem cette année (Skylla).

Klein, Marked – Parkwuud Entertainment

Quand on reviendra sur la carrière de Klein dans vingt ans, on dira sûrement que c’est un peu son Low à elle. Disque de grosse star.

Naemi, Dust Devil – 3XL

2024 est une année 3XL c’est une évidence. Le disque collaboratif de Naemi est un peu le clou du spectacle. Post-soundcloud era, attention ça va faire des étincelles.

Will Hofbauer, Pond Party – Third Place

Les bros de la house assument plus trop donc ils font de la musique de club pour Animal Crossing, vivement le tournant Professeur Layton.

Alastair Galbraith, Lagash – Nice Music

Est-ce qu’on peut cracker Guitar Hero pour ne jouer que des morceaux d’Alastair Galbraith ? Idée soirée pour ceux qui préfèrent le LSD en intérieur.

Dj Tutuss & Meryl, Vite Fait, Vol.1 – Self-Released

Meryl est à la limite du scat et Dj Tutuss est le roi du riddim farceur : irrésistible.

Still House Plants, If I Don’t Make It, I Love U – Bison

Honnêtement, ça fait depuis genre Throbbing Gristle qu’un disque aussi chelou s’est pas retrouvé en tête de gondole à la FNAC, désolé les réacs, le présent est plein de ressources.

Jordan Deal, Seas of Triple Consciousness, Horn of Plenty

L’enfant de Scott Walker et Moor Mother vous met les poils avec son écriture post-camp total drama.

Cindy Lee, Diamond Jubilee – Self-Released

Il faudrait beaucoup de mauvaise foi pour ne pas reconnaître l’aspect absolument miraculeux de ce disque. 32 morceaux, rien à jeter, ça chantouille et ça gratouille, et ce fil Reddit : https://www.reddit.com/r/indieheads/comments/f5tof4/patrick_flegelcindy_lee_ama/?tl=fr

Thomas Bush, The Next 60 Years – Jolly Disc

Un disque directement imaginé pour le show Time is Away sur NTS, je n’ai pas encore le recul nécessaire pour savoir si c’est bien ou mal, alors je fonce sans me poser de questions. 

Nudo, Alma Blindada – Halcyon Veil

Lire José Esteban Munoz, mais sous les balles des gardes-frontières américains :  ce disque est l’expression la plus intense d’une esthétique des undercommons en 2024, chapeau.

Couch Slut, You Could Do It Tonight, Brutal Panda Records

Svp, n’oubliez pas les émeutes sous kétamine.

Bagus Shidqi, Njondhil Njondhal – Digital Indigenous

Instrumentation General Midi et pop indonésienne porté par le timbre délicat de Bagus Shidqi, une pure merveille.

Jason Kahn & Alice Hui-Sheng, I Smile When The Sound Is Singing Through The Space – Self-Released

Cathy Berberian est de retour, mais, visiblement, elle a un peu les boules. 

Joao Lagrima de Ouro

La carrière du DJ brésilien a explosé cette année, nous rappelant que mettre un chapeau de cowboy sur n’importe quoi nous rend totalement zinzin (https://www.nts.live/shows/hell-of-a-club/episodes/hell-of-a-club-steak-house-special-26th-november-2024).

GB, Gusse Music – Posh Isolation

La pop de chambre à coucher est plus que jamais de retour. 

Olivia Block, The Mountains Pass – Black Truffle

Le moment ECM de la musique expérimentale est à son comble, ça a du bon comme du mauvais. Ici on est dans le très bon.

Mica Levi, Slob Air – Hyperdub

Ben ouais, ne faites pas les snobs, c’est juste parfait.

Le TikTok de Dj Ramon Sucesso

James Hype et Fred Again vous êtes des grosses baltringues.

Rafael Toral, Spectral Evolution – Moikai

Penderecki prend du Fentanyl et, dans ses rêves, une myriade d’oiseaux se font la cour. Rafael, merci pour ce comeback épique.

RÉÉDITIONS

Cukor Bila Smert, Recordings, 1990-1993, Shukai

Folk de l’outre-monde, pendant ukrainien de NSRD, mais c’est un peu plus la déprime.

Pelican Daughters, It’s Time My Friends – Se Dessaisir Publishing

Archives incroyables du groupe de mon héros Andy Rantzen par le label avec le nom le plus prétentieux de l’histoire, évidemment que j’adore!

Mouse on Mars, Herzog Sessions – Forced Exposure

Je naurais pas misé un kopeck sur un combo aussi relou que Mouse on Mars + Werner Herzog, mais « y’a qu’les cons qui changent pas d’avis » : c’est hyper bien.

Alan Lamb, Night Passage – Room40

Les histoires de rhombe géant au fin fond de l’outback australien, ça devrait mettre tout le monde d’accord.

DJ Znobia, Inventor vol.2, Nyege Nyege

Kuduro totalement dinguo, deuxième volume des pépites piochées dans les archives du DJ angolais.

V.A,  European Primitive Guitars, NTS

Compilation absolument parfaite des suiveurs de John Fahey, un disque qui aurait pu être estampillé Musique Journal, sous le tag « guitaristes célibataires ».

V.A – New Music for Electronic and Recorded Media – Blume

Enfin réédité, cet effort collectif de compositrices de musique électroacoustique dans une perspective féministe est un essentiel de la musique contemporaine, accompagné d’un impressionnant livret.

The Shadow Ring, Boxset (1992-2002) – Blank Forms

Les enregistrements complets du groupe culte de Graham Lambkin, Darren Harris et Tim Goss. Je nai pas les mots!

Lou Reed, Hudson River Wind Meditations – Light in The Attic

Musique pour la méditation par Lou Reed. Sur le papier c’est un poil chiant, en réalité c’est vraiment incroyable.

Gastr Del Sol, We have Dozen of Titles – Drag City

Archives et inédits du groupe de Jim O’Rourke et David Grubbs, les traces vibrantes de tout ce qu’on DOIT réanimer dans la musique indé des nineties. 

AURORE DEBIERRE

Petit top synesthésique ou arc-en-ciel non ordonné à déguster sur le fil de fin d’année 2024 – avec toute mon affection.

 Du rose fuchsia tendre :

Tenniscoats-mon-adoré-duo a sorti en novembre le plus adorable des CD : Chippi Tuyoppi (revision)

L’album était sorti en version numérique en janvier dernier sur un site de streaming que je vous conseillerais d’ailleurs d’explorer : https://minnakikeru.com 

Il a été donc révisé (c’est écrit dessus) par Saya, une moitié du duo, qui a masterisé et changé l’ordre des chansons pour cette sortie en CD.

Plus album de Noël, plus de plumes dans l’édredon, tu meurs. Leur signature musicale est un mélange acoustique, synthétique et de sons de la vie qui passe, sorte de tissage inclusif de fils de clavier, boîte à rythmes, clarinette, guitare électrique, wind chimes… comme autant de délicatesses saupoudrées de la voix de Saya, magique dans tous les recoins, et de celle d’un nouveau membre du groupe : l’enfant de 7 ans appelé Chippi (comme dans le titre) qui a aussi participé à l’écriture des paroles auxquelles on ne comprend rien mais qu’on comprend si bien. D’ailleurs quelques titres sont en anglais où on voit – au moins – que c’est contemporain : I am you are me (je suis tu es moi) ou plastic sea (mer de plastique).

Tenniscoats fait partie, depuis vingt-cinq ans mine de rien, de cette scène internationale qui regroupe très peu d’élu.e.s, celleux qui allient dans leurs créations sincérité brute et mystère profond, sorte de normalement impossible naturel sophistiqué, c’est à dire l’élégance absolue, j’ai nommé par exemple The Pastels ou Jad Fair avec qui, d’ailleurs, ils ont collaboré. 

Chippi Tuyoppi dans sa révision ne fera pas exception.

Je ne crois pas qu’on puisse faire confiance à la traduction de machine du japonais de Saya cité sur la plateforme Minnakikeru mais bizarrement je trouve que ça dit très bien ce qu’est cet album :

« Si tu es petit, tu seras fort, et si tu es petit, tu seras faible.

Takashi, le dieu démon, lorsqu’il est venu à Sakata, il portait un masque tengu à la maison de thé Rokuta.

Les enfants dansent et jouent ensemble

Quand ma famille se plaignait, ma mère me précédait toujours.

Ah, c’était la lumière, et j’ai couru pour la suivre

Il y a une peinture murale de la musique, debout à l’entrée de la grotte et criant.

Je veux être avec toi pour toujours » 

Tenniscoats toujours toujours bien.

Du doré en creux :

Saint-Etienne et son tout neuf The night sorti sur Heavenly records ce 13 décembre. Ça brille en mi-tons, c’est chaud froid comme un soleil londonien qui se couche, une marche contemplative, rassurante, rassurée entre chiens et loups dans cette Angleterre qu’on aime, une déambulation orchestrée par le brillantissime Bob Stanley (qui est si plein de musiques et si généreux qu’il a par ailleurs écrit deux livres ressources incroyables pour quiconque s’intéresse à la pop, mais pour l’instant il faut parler anglais pour en profiter : The Story of Modern Pop et The Birth of Pop.)

Saint-Etienne, trio déjà magistral à ses débuts, quand commençaient les années 1990, n’a fait que prendre en ampleur pop mais s’ils faisaient danser il y a trente ans, ils choisissent de nous prendre par la main sur des chemins plus intérieurs du côté du calme du son, de l’imperceptible parfois. 

Tant de densité dans cette quête sonique qui s’assume presque naturaliste et la voix de Sara Cracknell qui nous parle, nous sussurre ou chante sur des choeurs de cathédrale parfois.

Pluie qui tombe, souffles de ville en goutte-à-goutte déclenchent des rêveries, des nostalgies : « When you were young, the times we had, the things we said, they’re all still in my head (…) I’ll always love you » (Quand on était jeunes, les moments qu’on a eus, les choses qu’on a dites, tout ça est encore dans ma tête… Je t’aimerai toujours)

Des paroles comme autant de plongées dans nos sub-inconscients emmêlés, démêlés, révélés par les sons, comme un hautbois derrière ou un petit arpège de guitare qui s’impose, une idée de nous, de nos vies, renouvelée à chaque écoute.

Du mauve et du violet :

Flippin’freaks, Vol 7

Une petite compil comme ça, c’est pas mal comme proposition de fin d’année, ça permet de découvrir pour celleux qui ne connaîtraient pas l’étendue des propositions du label bordelais Flippin’freaks et leur qualité indéniable. Ça dessine une ligne éditoriale cohérente bien chouette, déclinée en de multiples singularités. 

J’ai mes petits préférés, vous aurez sûrement les vôtres, mais de mon côté : Edgar Déception qui sont toujours inattendus, drôles, poétiques et ce titre qui dit à peu près tout, donc je ne vais pas en rajouter : « edgar risque toujours sous ta réception de merde (medley) », Edgar Déception, le groupe le plus moderne du monde, je dirais, en toute simplicité, qui va d’ailleurs sortir un nouvel album en février 2025 et on ne va pas le rater, groupe qui va donc sûrement tourner et on peut dire que leurs concerts sont – à tout le moins – de vraies rencontres. Un petit avant-goût très heureux de cet opus est déjà écoutable, ça s’appelle « Tchou Tchou I love you » et cette manière de donner des titres qui peuvent se substituer à la critique est bien agréable, merci. 

On adore aussi sur la compile la petite balade noisy du groupe Pretty Inside qui a quelque chose du pas assez célébré 18 Wheeler, groupe écossais prometteur dont les promesses ont été trop vite écourtées à la fin des années 90. Avec le morceau « Sedative Sleep », on a très envie de secouer des cheveux mal coiffés et de regarder nos chaussures, et ce avec joie. 

On adore beaucoup d’autres morceaux mais on s’arrêtera là parce qu’on vous passe le relais pour la chasse aux trésors.

Du Chêne noir

Chêne noir, Orphée 2000

On se permet de sortir de l’arc-en-ciel de fin 2024 pour écouter une merveille rééditée en 2020, mais qui est une découverte 2024 pour ma petite pomme grâce à ma médiathèque préférée, joker donc pour une bande-son d’une pièce d’avant-garde enregistrée en 1976 par et dans le théâtre du Chêne noir en Avignon. Toute une époque qu’on sent, il faut bien le dire, mais on sent le meilleur. Mise en scène, texte et musique de Gérard Gelas, arrangés par les musiciens Pierre Surtel et Daniel Sublet.

Il y a d’autres musiciens bien sûr, trop pour tous les citer, mais on donnera celui de la conteuse chanteuse Nicole Aubiat, qui porte cette histoire musicale, délicieuse et audacieuse, des morceaux à écouter et méditer au coin du feu avec force thé, petite danse en transe possible pour qui veut.

Franchement, l’épopée, la réécriture du mythe vaut son pesant de jazz expérimental (mais ne serait-ce pas un pléonasme). Ça cause, c’est du théâtre ET de la musique. On part mais loin loin loin, en mythologie, en Avignon, en l’an 2000 avant qu’il ait lieu et puis on cherche Eurydice, la belle Eurydice et puis Orphée obtient pour une fois le droit d’être vieux et ça on aime.

« À toutes les autres solitudes de vingt ans, vous n’auriez pas vu Eurydice ? ».  Les autres solitudes de vingt ans vous disent merci de les avoir si bien nommées. Mais ce n’est qu’un exemple de texte bien pensé au milieu de notes bien tombées. Ah la la… Dans le livret du vinyl, il y a un entretien de Gérard Gelas en 2020 et il dit : « …sans être forcément des musiciens excellents, nous avions des choses à dire et une énergie pour les exprimer. » 

C’est déjà pas mal, c’est ce que je nous souhaite pour 2025 : des choses à dire et de l’énergie pour les exprimer. Bonnes fêtes colorées.

LUCAS BLIN

ASPRGS – « Bone Stimulation »

TH – « AB***KA*** »

helen island – « Hood In May »

Ca7iel & Paco Amoroso – Tiny Desk

SWV – Tiny Desk

Mica Levi – « slob air »

Diddi Trix – « Le Bénéf »

Latto, Megan, Flo Milli – « Sunday Service (remix) »

VDYCD – « Meteor Impact »

Suutoo – « Extra/Loud »

Alain Guiraudie – Miséricorde

Alain Guiraudie – Pour les siècles des siècles

James Robert Baker – Adrénaline

Giorgio Agamben – Goût

DAVA – Tybalt

Sur le futurisme en musique : lettre ouverte au collectif La Crue

En 2023, le collectif de musique traditionnelle La Crue publiait dans Ventoline un texte où ses membres regrettaient que leur travail fût souvent qualifié de « futuriste » dans la presse. Un terme selon elles hors sujet, que nous souhaitons – tardivement – éclairer par une lettre ouverte.

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Musique Journal - Jean-Marie Mercimek n’est pas plus réel (ou fictif) que sa musique, et ça fait du bien

Jean-Marie Mercimek n’est pas plus réel (ou fictif) que sa musique, et ça fait du bien

Pour clôturer cette semaine, embarquons avec Jean-Marie Mercimek (aka Marion Molle et Ronan Riou) et une dérive narrative où fiction et réalité se contaminent pour finalement s’annuler, notamment avec deux très beaux disques, à la fois opaques et cristallins : Le Voyage avec Jean-Marie et La Flourenn en Mars.

Terrence Dixon enroule des galaxies à la demande

En ce vendredi, Musique Journal a décidé de crier son amour pour l’album Train of Thought de Terrence Dixon, génie méconnu de Detroit dont la pneumo-techno aux nuances futuristico-médiévales, voire « castle-punk », est un vrai miracle pour la musique électronique. 

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